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Poésie libre / Ivresse des profondeurs
              
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Ivresse des profondeurs
par Ori


Errant, je flânais sur les chemins paisibles, Mes guides ont senti l’orage, ont pris peur ! Craignant tant la foudre, qu’ils se croyaient cibles De l’arc électrique, dans un ciel de couleurs. Prisonnier que j’étais de ma jeune rage, Aveuglé, goguenard, je les laissais filer. Le bruit de leurs courses me donnait courage, Pour déambuler vers un destin affirmé. Dans les ciels zébrés de toute part, j’ai erré, Mes yeux fixés vers les soleils d’hiver, très lent, J’avançai ! Les nuages grisés exhortés, De cette tempête qui les rendaient haletant. Les zéphires ont sacré l’accession aux cimes, Desquelles je me suis envolé toujours plus haut. De cumulus en cumulus j’ai roulé les rimes, De nuits en nuits, sans phare, j’ai lissé les mots. Tel un enfant, ces cerf volants tout en dorure, Je les laissais voler vers l’astre du matin. Les vents guettaient et déchirèrent la voilure, Chute vertigineuse, qui paraissait sans fin. Là, j’ai flotté dans les airs des lyres des reines. La voute céleste me servait de pur-sang, Je chevauchais les aurores rouges et blêmes, Sur la lune, j’y croisais des spectres, fous dansant. Mars, rouge et guerrière me laissait fuir, Vénus de ses cris silencieux mimait l’amour ! L’enivrement du cosmos m’offrit pour seul mire D’au-delà de la galaxie, fuir sans retour. Le vide sidéral, froid comme des tombes, Dans les trous noirs j’ai plongé dans le désespoir. Levées du jour, tel des champignons de bombes, L’humanité s’éclairait comme une foire. Je regardais ces fourmis s’agitées, pathétiques, Faisant de longs cordons qui bringuebalaient ! Ces beaux trains dirigeaient par des lois phalliques, Laissaient une odeur d’êtres à jamais brûlés. Me pris à imaginer des ondées de suie ! Alors remontant les lignes blanches, sans peur, Des jeunes rameaux, vit la sève qui s’enfouie, Et de leurs narines s’écoulaient les heures. Nez sur le carreau, je voyais leurs pitreries, Temps folie ou ils distordaient leurs corps chétifs, Ne voyant pas demain, ou ils seront marris, Etant devenus de grosses boules de suifs. Je me suis blessé sur leurs coupantes rides, Comme un brin d’herbe sur la lame de la faux, Tranchante ! Arcs en ciel liés comme des brides, Qui se relâchant, claquent et zèbrent la peau. Alors apparaissent sept têtes, très lasses, Du monstre gardien, ce serpent nommé Lotan, Gueules ouvertes, pour les enfers, il chasse, Pour nourrir cet affamé, ce brasier ardent. Tout y passe, monts d’argents ou volcan de braises. Dans un tourbillon de typhon qui fait écrin, Ingurgite sans fin toutes ces fadaises, Ne reste plus rien, que des pages de satin. Je ne rêvais que de paillettes par myriades, Qui virevolteraient dans un air subtil d’encens. Des ports m’ont laissé me poser en leur rade, Pour reprendre souffle, m’y poser un instant. Mon corps et mon âme criaient, faisaient l’aumône, D’un moment de paix, baisés tendres sur la joue. Inlassable le ressac gobe le faune, Jetant dans la vague ma figure en proue. Le boucan des flots me soula de décibels. Des corbeaux, luisants, me fixaient de leurs yeux ronds. Cette horde me cernait, piaillante armée rebelle, Qui se déchaina pour m’envoyer au tréfond ! A pieds joints sur la lithosphère, comme un dément, J’ai sauté de colère, j’étais rouge tison. Même quand ils ont fui, lâchant leurs excréments, Je sentie dans ma bouche le gout du poison. Nuée de lépidoptère aux ailes violettes, S’échappent de ma gueule, vers l’azur. Ma lettre s’envole avec ces estafettes Me laissant, seul, cloué au sol, dos au mur. Reste-t-il la moindre brise, assez lyrique, Pour escorter la chrysalide, sans espoir, Vers l’Atlantide, d’un geste cinétique, Assez puissant pour envoler ce voile noir. Ai-je vu ces gouffres qui font trembler les cieux, Ces monstres des ordres titanesques et laids, Pour que, aujourd’hui je laisse pleurer mes yeux, Et regrette d’avoir sauté ces parapets. Comme dans un film ces images floues défilent ! Parcours étonnant, atypique qui laisse songeur, Filant, sourd et aveugle, vers un prompt exil, Cherchant désespérément de nouvelles hauteurs. A jamais mes paupières se ferment pesantes. Plus d’astres brillant pour me guider sur cette mer : Les pulsions des sentiments restent déroutantes, N’offriront plus mes ailes au courant d’air. Suffit d’une brise à l’abri des apaches ; D’une petite tornade, là, pour s’élever. L’avion de papier vole avec panache, Quittant les mains de l’artisan qui l’a lancé. J’ai quitté le grand chemin des sombres âmes, Laissé à jamais les routes qui se défont. Ne regarderais plus les déesses qui se pâment En me laissant me noyer, seul, dans les tréfonds !



Poème posté le 11/11/18 par Ori


 Poète
Ori



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