La Margeuse
par Sernard
Des pas s'en vont fidèles poursuivant le couchant
Sur le fil des semelles dans l'émoi des passants
Ces pas superficiels qui frappent doucement
À la porte du ciel ne sont pas innocents
S'il n'est pas sinécure d'aborder un trottoir
Avec dans les chaussures le poids d'une autre histoire
Qu'il en soit l'heure ou pas, on sait plus qu'on devine
Que c'est d'un autre pas qu'il faudrait qu'on trottine
Quand les langueurs s'excusent faute de pouvoir plaire
Au nombre qui abuse du temps qui s'exaspère
Les routes les plus brèves sont celles qui rendent heureux
C'est ce que disent les lèvres dans leurs mots silencieux
C'est pas ces pas qui mènent sur des chemins décents
Les rumeurs naissent et viennent, mais c'est quand même dansant
On sait pas si ces pas s'arrêteront à temps
Mais si c'était pas l' cas, ça s' rait pas important
C'est en longeant les murs pour ne pas se faire voir
Par cet autre avenir qu'on aurait pu avoir
Que l'on voit son allure ignorer le départ
Des envies de futur se faisant bien trop rares
Que vienne l'heure ou pas Vénus qui chemine
Aux rosées de tes pas couleront tes épines
Ne volons pas aux rêves la tristesse de leurs yeux
Il n'est rien qui s'achève sans qu'on ait été deux
Le claquement de pas amenant d'éventuels
Effleurements de bas tombants pour l'essentiel
Sur le chemin qui tape l'amertume du sol
Les humbles se font papes pour une simple obole
Ces pas ciblés si blancs aux regards éternels
Impassibles et cruels n'ayant rien d'avenants
Sauront à bon escient pour emplir une écuelle
Marcher vers le pluriel d'un pas compatissant
Poème posté le 22/11/18
par Sernard