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Poésie libre / Hypermarché – Juin
              
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Hypermarché – Juin
par Sébastien Bidault


D’abord j’ai traversé la chaussée pour me rendre à mon petit hyper de quartier. Les lumières, les couleurs vives, l’accueil des fruits et légumes. C’est assez beau, surexposé. Ils ont même mis des paniers. Je me souviens de l’ancien hyper à bas coûts aux couleurs décrépites. Je cherche un concombre. Je vois des cylindres verts à la surface granuleuse. Un jeune homme se met à ma gauche. Je crois qu’il cherche des tomates. Je sens sa présence. Ca me fait une petite bouffée de chaleur. Je ne tourne pas la tête vers lui. Il porte des baskets noires et un pantalon remonté en ourlet. Les cylindres verts, ce sont des courges, pas des concombres. Le jeune homme aux baskets noires me tourne en arc de cercle autour. Il est maintenant à ma droite. Je recule, vais vers la droite pour trouver la cucurbitacée. Je sens toujours la présence magnétique de mon partenaire. Voilà le bac à concombre. J’ai fait un arc de cercle autour du mec. On était en équilibre gravitationnel. J’ai eu l’impression de danser avec lui. Plus loin, j’ai trouvé mes petits biscuits apéros favoris. Je recroise le jeune mec au rayon des produits laitiers. Il parle en espagnol avec une copine. Mon bac à provision se remplit. Il me reste à trouver du shampoing. Une fille s’arrête devant les gels douches. Je n’arrive pas à trouver les shampoings. Je tourne autour du rayon, stressé. Une autre fille passe. Je traverse un moment hagard. Ah ! Ouf ! J’ai atteins mon objectif. Les shampoings. Ils étaient derrière mon dos. Je prends le moins cher. A la caisse, je dépose honteusement les produits sur le tapis roulant, l’un après l’autre, comme à la chaîne. J’ai l’impression d’être une machine qui fait se succéder des mouvements équivalents. J’essaie de changer les rythmes. Je chorégraphie la chose. C’est artistiquement satisfaisant. Je veux dire, je ressens du plaisir. J’en souris intérieurement. Je regarde la fille devant moi à la caisse. Un sourire semble traverser son visage. Je me dis que c’est moi qui lui fais ça. Je me dis que c’est peut-être de la parano. Je me dis que les produits que j’ai choisis ne sont pas assez chers. Je donne la carte de réduction à la caissière.



Poème posté le 25/11/18 par Sebastien


 Poète
Sébastien Bidault



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