Plages du temps
par Lasource
Plages du temps
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Les cinq doigts de ta main droite t’observent depuis la feuille blanche, l’air curieux, comme cinq alpacas sur fond de Cordillère Royale enneigée, qui se demandent quel intrus ose s’aventurer à pareille altitude...
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Se pourrait-il que la froide eau qu’à la source j’ai bue dans ma paume ait des propriétés hallucinogènes ? Il y a longtemps que je soupçonne mon corps, certains de mes membres, de vivre une vie indépendante de moi.
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Mon esprit également s’envole largement, brassant l’infini à la façon d’un aigle à collerette de lys, au-dessus des ondes qui, de la solitude, invitent vers les îles aux parages de coraux et poissons multicolores…
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Là-bas, au bout de leur fil, les mangues vertes patientent, analogues aux humains qui, chacun pendu à son étoile, attendent leur destin jusqu’aux rougeurs d’une maturité annonciatrice des fastes éblouis du crépuscule.
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Que dirais-tu, toi qui n’est pas encore né ? Porter sur les choses un regard vierge ne t’aide guère. Hors du sable immaculé, cette conque cueillie, portée à ton oreille, ouvre la porte minuscule de la mer. Sens ton âme par là s’échapper !
Poème posté le 12/12/18
par Lasource