Les nouveaux Huns
par Ruben
Dans l’ombre crasseuse des édifices
Que le temps a rongé,
Brisé, noirci, saccagé,
L’ouvrier revoit, vivante cicatrice,
Les lieux de son ancien labeur.
Résonnent encore les voix de compagnons,
L’écho de leurs rebellions
Certains jours de grande fureur.
Des parangons de la finance barbare,
Attila à la face avenante,
Jettent dans la tourmente
Ces vies, embarcations sans amarres,
L’œil rivé sur des courbes sans chair,
Les mains fermées avides de profit.
Les nouveaux Huns ont la monnaie pour crucifix,
Des portefeuilles dont ils sont fiers.
Jamais leur vision n’embrasse l’effort
De ceux qui de l’ouvrage ont le souci,
Jamais leur parole ne console ni remercie
Ceux qui garnissent leur coffre-fort.
Les nouveaux Huns pleurent souvent
Des larmes d’insuffisance à leur croissance,
Et s’en vont, maraudeurs de la finance,
Où souffle pour eux meilleur vent.
Qu’importe les peines, qu’importe les drames,
La loi héréditaire des Huns,
C’est sans tambour, sans trompette, sans tribun,
Brûler la terre et toutes ses âmes.
A ceci une fin est nécessaire,
A d’autres fins le travail doit servir,
Celles d’émanciper l’Homme et non l’asservir,
Alors s’élèvera pour tous une aube salutaire.
Poème posté le 22/09/15