Le temps
par Guillaume Rindelaire
Le vieux temps se consume ainsi qu’une bougie
Et nous parfume, nous embrume, nous enfume,
De sa chaleur pourrie et fourbe qui rougie ;
Sous la plume, sous les écumes, sous la brume,
Comme un grand somnambule, ô le temps déambule
Et rien n’échappe et ne trompe cette pendule.
Alors on court, on court toujours très loin, très vite
On fait notre parcours et on parcourt le monde
On fait vite, on s’agite, et on se précipite
Pour sortir des odeurs de notre ville immonde ;
Le corps gourd, les yeux lourds, on court et met les voiles
Pour pouvoir s’éclipser au sort de nos étoiles.
Alors on goûte à la route, on goûte au voyage,
On goûte à l'océan, on goûte à la frénésie,
On répond à l’appel si doux du paysage,
De l’inconnu, du vide, et de la poésie ;
Il est pour notre cœur le trèfle qui le pique,
Mais rien n’échappe au temps si cruel et antique.
Ce fourbe nous poursuit toujours quoi qu’il arrive,
Même ceux-là qui vont vers l’Inde ou l’Éthiopie
Ou la grande île blanche où la splendeur dérive.
La vie n’est-elle pas qu’une belle utopie ?
La mort n’a pas de cœur et sort toujours gagnante
Car rien n’échappe à la pendule ricanante.
Le vieux temps se consume ainsi qu’une bougie
Et nous parfume, nous embrume, nous enfume,
De sa chaleur pourrie et fourbe qui rougie ;
Sous la plume, sous les écumes, sous la brume,
Comme un grand somnambule, ô le temps déambule
Et rien n’échappe et ne trompe cette pendule !
Poème posté le 09/01/19
par Guillaume Rindelaire