On enferme bien l'innocent
par Kero
Combien de terres souillées par le sang du marcheur sans histoire
Combien de prisons remplies de chants libres au mitard.
Des hommes et des femmes que l'on bâillonne lorsque leurs bouches sortent des sons,
des vérités interdites que l'on maquille en mensonge.
Des enfants que l'on chasse de leur pays de fleurs, de chansons
Leur prenant des mains le peu de pain gris qu'elles pouvaient contenir.
Les coupables sont là, installés tout là-haut.
Attablés en un cercle où trône le bourreau.
Ils conspirent contre nous, pour nous mettre à genoux
Ils chantent même nos chansons tout en comptant nos sous
Que font les coupables à la table des sages
et nous autres dans l'arène, en gladiateurs sages.
Prenons nous tous la main, et reprenons présence
L'aisance à cette vertu, car lorsque l'idée s'élance
Et que le corps prend la posture, peu de fouet passe
et le glas sonne pour la face de l'imposture
Les cellules sont ouvertes, les portes grincent au vent
la paille est offerte. On enferme bien l'innocent.
Mais ce chant est amer, il claque en ressac sur les rochers de la mer.
L'amertume des vagues de l'écume salée prend chemin de la grève.
Les embruns sont de nacre aussi blanc que la neige
Un printemps viendra peut être siffler la Marseillaise
Jean-Claude Dewulf
( Poème qui aurait pu être écrit juste avant 1789.
Qu'importe l'année, qu'importe l'époque )
Poème posté le 06/11/15