Te raconter cet inconstant ?
Qui va, qui vient, trop versatile,
Joueur, coléreux, ou chantant ?
Autant te conter l intactile !
Le vent, c est tel un farfadet,
Tantôt joyeux, insupportable
Parfois têtu comme un baudet,
Il est toujours insaisissable.
Lorsqu il n est qu un tendre zéphyr,
Pour caresser, câlin, la plage,
Distribuant dans un soupir
Des baisers que le coquillage
Enferme pour me les donner
Quand je le porte à mon oreille,
Il a, sachant s abandonner
Cette âme exquise, sans pareille
Lorsqu il courtise dans les bois
En automne les feuilles rousses
Leur offrant leurs derniers émois
Dans une valse que les mousses
Sauront me raconter plus tard,
Quand il ne restera plus qu elles,
Il sait, d un souffle sans égard
Du spleen déployer les deux ailes.
Lorsque, dans un grand hurlement,
Lugubre dans la nuit obscure,
Il va roder hostilement
Parmi les arbres sans voilure
Dont les grands mats griffent les cieux
Déversant leur tendresse blanche,
Hiémal, il vient, pernicieux,
Glacer par l effroi qu il déclenche.
Mais au printemps quand il caresse
Tous les verts tendres en bourgeons
Et que son souffle sans rudesse
Fait palpiter les frais ajoncs,
Dans l arbre qui soudain frissonne
Entre ses doigts, sous le soleil,
Le vent a le coeur qui chansonne
Pour acclamer le grand éveil !
Commentaires: Extrait du recueil "EN CUEILLANT LE JOUR", Editions La Lyre Bleue (Editions de l'auteur) 2005