La robe rouge
par Pas radis
L’histoire qu’ici je vais vous narrer
Arriva en toute fin d’année.
Cet évènement se produisit
En montagne près de l’Italie,
Au sein d’une ville engoncée
Entre des hauts sommets enneigés.
Un site paisible sans un bruit
Où la vie filait sans grand soucis.
L’année mille huit cent quatre-vingt dix
Annonçait des grands froids les prémices.
A la sortie sud de cet endroit
Se dressait un beau chalet de bois,
Ce superbe massif édifice
Se léguait toujours de père en fils,
Voilà pourquoi ce home bourgeois
Logeait un notable de Savoie.
Ainsi médecin de son état
Le tout dernier élu ici-bas
Soupait fourbu très tardivement
Après sa visite des patients.
Sa tendre épouse Matilda
L’accompagnait lors de ses repas,
Préparé depuis plus de vingt ans
Par Berthe avec un grand talent.
Leur fin velouté de pintadeau
Ne fut pas terminé qu’aussitôt
La cloche d’entrée se fit entendre
Malgré le grand froid à pierre fendre.
La bonne tourna vite le dos
Et quitta la pièce sans un mot.
Vint alors gros chahut, un esclandre,
Le docteur ne pouvait pas comprendre.
Agacé il maugréa un peu
Puis Monsieur alla s’informer mieux.
Vite présent dans le vestibule
Il découvrit une enfant sans pull
Berthe implorait tous ses aïeux
La fillette détourna les yeux
Vers le praticien droit dans ses mules
Qui benêt se vit là ridicule.
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Ses deux élégantes bottes noires
Prestement chaussées dans le couloir,
Il prit sa veste de gros velours,
Empoigna sa trousse de secours
Et après coup d’œil dans son miroir,
Emboita le pas vif dans le soir
De la jeune fille au cœur lourd
Et au vêtement rouge trop court.
Elle avançait à train soutenu
Bizarrement ininterrompu
Pour cette allure très rapide
Que l’homme jugeait par trop fluide.
Déambulant ainsi dans les rues
La gamine d’un coup disparue
Sous un inquiétant porche sordide
Laissant seul perdu notre séide.
Gêné près à faire volte-face
Se pressentant en grande menace
Notre généraliste poltron
Entendit depuis le laid fronton
Une toux rauque et fort tenace
Qui venait du fin fond de la place.
Son sang dès l’instant ne fit qu’un bon
Lâchant sa peur pour sa vocation.
Trottinant vraiment craintif mais ferme
Le poil tout droit sur son épiderme,
Il parvint enfin passant un seuil
Dans un laid taudis triste d’accueil.
Un véritable chaudron à germes
C’est absolument le juste terme,
Quelle saleté même le fauteuil !
Pensa-t-il jetant un vif coup œil.
Dans un grand lit à rouleau en chêne
Une femme faisait de la peine.
Il s’en suivit courte analyse
Qui se conclut par sa fin acquise.
En totale compassion humaine,
Sûr maintenant de sa mort prochaine,
Le médecin joua la franchise,
Mais il fut brisé par sa surprise :
>
Du bras elle indiqua le placard,
La courte robe rouge criard
Si trouvait très étonnamment sèche,
Toutes logiques battues en brèche.
A suivre arriva plus tard,
Un solennel prélat savoyard,
Suivi du maire dans sa calèche,
N’ayant pas reçu d’autre dépêche.
Que celle de l’enfant au cœur si pur,
Qui offrit ici l’ultime armure.
La dame put s’endormir paisible
Les mains jointes raidies sur sa bible.
Écartant les nombreuses blessures
D’une lourde vie au pied du mur.
Certains disent que c’est bien possible,
D’autres que cela n’est pas crédible.
P-A
Une petite prose lyrique (Je fais dans le style des lieux ....)<br />
Allez embrassez-vous bien chers amis !<br />
<br />
Cordialement vôtre,<br />
Philippe.
Poème posté le 02/12/15