Forêt et Bois Jolis je vous aime
par Polymnie2
Dans tout site démesuré comme la mer, la montagne ou ici la forêt, le temps ne
compte plus. L’Esprit nous rappelle la solitude, l’inconnu en son immensité,
et le silence qui s’entend qui se perd en remous sont indispensables à l’homme !
La vertu dans l’univers est à genoux, nous n’avons qu’à nous baisser
Pour l’embrasser ! La comprendre !
FORET ET BOIS JOLIS JE VOUS AIME
Je te sais plein de profondeur faite de splendeurs avant de goûter la Grandeur !
Je ne cherche pas la biche et ses bois car ici, ne pleure pas d’effroi son faon,
mais la Nature sauvage qui d’elle-même se défend ; bien enracinées au sol
écorces et plantes portent ton emblème.
Je ne peux résister à poser mon Âme ici dès que traverse l’oiseau faisant
trembler le frêle roseau. S’agite son reflet sur sa nappe d’eau,
alors que chante le rossignol prenant l’espace, heureux
comme un pinson aussi gracieux qu’un papillon !
Tu m’invites à passer ton seuil, à pénétrer les saveurs habitées, à oublier
l’ailleurs ! Je déshabille tes décors et voyage mon esprit ! Prennent le large
mes pensées vers les choses fragiles tout en parfum de sentiments comme
fleurs et plantes ici laissent une traînée d’essence à chacun de mes pas.
Je promène une violette des bois m’ayant pris par la main ; Elle quitte un fort
beau bouquet qui lui, se cache rampant sous l’églantier et le papillon citron s’offre
le délice au cœur largement ouvert de la fleur d’aise rougissante !
Sous un clair rayon veloutant sa vive couleur jaune
la fleur Dent de Lion lance un clin d’œil heureux
à l’Aubépine ; l’un mange, l’autre griffe !
L’étrange est que sous l’Infini tout se « délange » sans bruit, personne ne
« relange » dans cet univers ou tout se multiplie !
Dans cet air particulier, chahutent les couleurs, flotte un miel de bois mêlé de
fraîcheur et dans ce sombre environnement tout pleure en poussière d’exister,
fou de joies à distribuer, rien qu’un sentiment parfois !
Comme tout est naturellement simple et tranquille dans ce havre d’Amour ou
se dessine et chante le discours !
Mon regard s’étend, s’élève, rencontre là-haut une bienheureuse tonnelle en
ciel de lit fait de verdures et dans l’émoi les bras tendus, fourmille
en pleines sensations, le feuillu bordé de coloris indomptables
des saisons, comme pour protéger la voute céleste
qui n’a aucune raison juste, sinon celle
d’allonger ses rayons de lumières
en fuseau horaire !
J’aspire chaque découverte en ce lieu pour ne rien perdre à cette heure
où les rais se fondent sans autre âme humaine que la mienne,
avec pour seul écho le bruissement de la feuille
palpitant sur sa branche, sous un léger zéphire
qui ne se lasse de l’embrasser sur son passage,
laissant sous douce caresse un
murmure de papier froissé.
Lors je fouine à l’affût d’une image subite ; par surprise un écureuil saute d’un
arbre à l’autre, anime la sieste d’un bouleau ! Il s’occupe à meurtrir un gland,
entre ses doigts de prestidigitateur après avoir apprécié le cerneau d’une
Noix en fin casseur !
« Peuplier frêne et tremble le charme » !
s'étale en ruban de vie étreint l'âme qui vibre!
Le chêne est en pleine force au pied duquel veille
l énorme souche de l’un de ses frère traînant au milieu
de sciure éparpillée. Je m’approche près de l’éprouvée; machinalement
j’avance mon doigt pour compter ses nombreuses années incrustées sur
sa tranche lisse et lustrée ; soixante-huit ans ! Simultanément je déroule le
temps ! Je vois surgir d’heureux évènements passés, souvenirs que
j’étais entrain de mimer sans me rendre compte !
La vie a beau tourner, manier et remanier
l’homme, il reste lui-même
En faits et gestes !
J’avais huit ans en ce temps,
C’était au bois de la Cambre, rue de l’Ombre à Bruxelles.
Nous nous y rendions une fois par semaine, un après-midi lui étant consacré.
Une envolée de petites abeilles lâchée accompagnée d’institutrices, s’en allaient
butiner au bois pour cueillir la robe tombée des arbres effeuillés. Munies chacune
d’une boîte à gâteaux vide, la mienne était ronde en métal, aux dessins tout en
relief rétro, peints multicolores. Nous ramassions des feuilles en préparation
d’une « leçon de Choses » ensemble en classe. Evidemment je choisissais
des couleurs variées d’espèces différentes, mais surtout, je fouillais du
regard le paillasson sur lequel nous marchions, un véritable damassé
de feuilles mortes crissant sous nos pieds ; J’étais tout simplement
A la recherche d’un trésor qui n’était qu’un morceau de bois
Pouvant représenter par sa forme, un objet quelconque
Pourvu que je puisse imaginer quelque chose, un
fin trésor!
Qu’est devenue ma boîte ?
Que sont devenues ces riches feuilles ?
Elles sont bien inscrites dans ma mémoire pour les faire revivre plus belles
encore, en pastel vieil or dans ce bois où mon père, le dimanche matin,
allait cueillir des champignons !
Et voilà, les années remontées en forêt que j’ai vécues au bois, tout en renfilant
le présent hanté d’une odeur humide qui erre entre mousse, rosée, humus !
Doux, légers frissons m’accompagnent jusqu’à l’orée et ses chemins avec
pour tout bagage le présent d’un douloureux adieu devant les yeux :
Je choisis le hautbois pour chanter ma lyre
Car j’entends ton au revoir que pleure mon âme
Avec tous les oiseaux qui chantent un hallali
En ce jour qui honore tous ceux d’avant
D’une pierre bénie entre mille.
Un murmure étouffe ma pensée.
C’est Toi le Vieux Saule Pleureur
Que dans ma course j’avais oublié !
Tu redresses ta branche fleurie pour égoutter tes larmes
en multiples caresses sèches ma tendre rosée
Et sur mes joues mes deux mains enserrent l’Hostie
Qui se fait sourire sur ta fine branche
Derrière un « christ en t’aime » pour signature
Me désarmant sous ta ligature !
Polymnie2, ce 19 août 2015
P.S. Le bois de la Cambre a été créée en 1861, enclave dans la ville de la Forêt de Soignes par Edouard Keilig
Aujourd’hui, ce bois représente un important « Poumon vert »
pour les bruxellois leur offrant une détente privilégiée.
Poème posté le 05/02/16