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Poésie libre / Clandestins
              
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Clandestins
par Chilimoya


Nous étions quatre vingt douze et nos corps mêlés formaient une tresse vivante et gémissante. Une bruine têtue avait lessivé les embruns elle perlait sur la peau avec des lourdeurs de fin du monde. Le bateau grelottait sous la mouvance des vagues et les battements d’aile de l’hélice, Il flottait à peine, c’est l’espoir qui pesait si lourd, pas nos corps assoiffés, pas la veste de mon père ni mes livres de classe, vite jetés à la mer pour éviter le pire. Nous étions quatre vingt neuf, la tempête avait fait le ménage avec l’insistance d’une qui chasse la saleté, avec la violence des derniers barbares, avec des outrages à notre infinie faiblesse, avalant les cris hallucinés et les pauvres suppliques. Nous étions soixante sept, le moteur avait choisi le silence après deux claquement sinistres, nous nous sommes redressés comme des cheveux sous la brise, alors le bateau a préféré chavirer, laissant fuser des couinements de détresse et des bouquets de bulles dans une apocalypse noyée et vite silencieuse. Nous étions encore soixante deux à échouer dans les bras chauds des sauveteurs portés par les mots qui caressent et les œillades de douceur. Soixante deux. La mer seule aime les clandestins. Christian DUMOTIER



Poème posté le 12/05/19 par Chilimoya


 Poète
Chilimoya



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