Le colporteur
par Carismus
par Solem
Le colporteur
Le bourg se drapait dans un sommeil de caveau,
Tandis qu’un vent rugueux dans les prés, desséchait la rosée.
Poussée de l’hiver blanchissant la contrée.
Quatre-vents musait avec saute-ruisseau.
C’est un ch’mineux, un gagne-rien
Un pieds-poudreux, un cherche-bien.
Il vendait des savons, des couteaux, des bretelles
Des rubans, des boutons, des bobines de fil
Et pour quelque lichade il lâchait des dentelles
Et aussi des missels et des ainsi-soit-il.
C’est un pouilleux, un traîne -savate
Un tire-la-queue, un boit-picrate
Sur le chemin un violoneux
Tirait la noce vers l’église :
C’est pour la dot que l’épousée
Avait vendu ses longs cheveux
A un' poupée qui s’emmarquise
Dans le grand lit la paille a froid,
Les poux ont faim, les puces ont soif.
Les noceurs lançaient des coques de noix
A la prospérité du jeune ménage !
Mais dans le ciel filaient les ombres des nuages
Malgré la cloche à dissiper les orages
Dans le grand lit Odette choit
Antonin boit, les chiens aboient.
Mais à quoi bon sonner les cloches
Sur le bas-flanc le sort en est jeté
Elle tend son front pour un baiser
Et lui sa chemise à faire des Chrétiens.
Quatre-vents vendait du contre-coup,
Pour les baisers rudes et rares
En attendant que les seins gonflent
Elle se frottait le ventre nu
Au rocher des pousse-marmots.
Chasseur de taupe ou loubotier
Ce traîne-fossés, ce né-furieux
Vendait aussi des gants d’amour,
Des épingles et des passe-l’enfant.
Certains semblaient tout droit sortis d'un tableau de Jérôme Bosch,à l'image de ce colporteur et c'est en souvenir de cette plongée dans le Moyen-Âge à la fête médiévale de Chamarande que je vous livre cette petite anthologie.
Poème posté le 03/06/19
par Carismus