Inanité mélancolique
par Octaveganis
« Il bruine dans les marroniers
confus et sombres
et sur les bancs, où, cet été à l’ombre,
avec l’été
vous vous seriez assise, blonde ! »
ALAIN-FOURNIER, « Et maintenant que c’est la pluie… », 1906
I
Un jour j’y retournerai
Dans la ville où j’ai vécu
Où le béton tombé
Jonche les rues
Un jour je m’en irai
De mon île inventée
Dans un vent terrible
M’ayant pris pour cible
Un jour je volerai
J’attraperai le ciel
Les nues et le soleil
Pour les enlacer
Un jour je voguerai
Sur un grand voilier
Vers de vains voyages
Guidé par les nuages
Un jour je confondrai
Les rêves et les songes
Avec la réalité
Quel sera le mensonge ?
Un jour je resterai
Je me le suis promis
Un jour je verrai
Les limites de mon lit
La fenêtre empêchant
Les rêves de partir
Ces rêves méchants
Qui vous font souffrir
II
Un jour j’arrêterai
Les rimes plates pour des rimes petillantes
Un jour j’écrirai
Des longs pavés tristes
Pavant les rues
De la mélancolie
Et de ce soleil noir
J’aurais le dernier rayon
De poésie fleuries
Que le mal fuit
Que le mal luit
Dans la nuit
D’un janvier
Comme un autre
Comme il n’y en aura plus.
Comme je pleurais
Avant la pluie
Avant cette nuit…
Cela dure vous savez
Les chagrins désésperés
Car l’espoir trompe
Une illusion heureuse
Comme une vie accomplie
Qu’accomplit-on vraiment ?
(Un jour j’arrêterai /Les rimes plates pour des rimes petillantes)
III
On accomplit une boucle sans fin, enfermés
Dans ma chambre, les belles lettres vertes défilaient
Mais le papier jaunira, l’encre coulera
Sur nos joues, des larmes qu’aucun ne coulera
Dans une mer profonde, jusqu’aux abysses obscures
Luit une lune d’argent, pareille à du mercure
Dans le ciel où dans les eaux, le noir est immense
Il n’y a que dans les yeux, que l’on voit l’éclat
D’un bonheur aveugle, comme d’un début de vacances
Qui finira trop vite, comme une journée d’été
Comme une vie brumeuse, où personne ne voit
La magie d’un matin qui n’a pas commencé.
Poème posté le 24/06/19
par Octaveganis