Bulleuse
par Skywheeler
Assis, le cul dans un fauteuil,
De sa vie il a fait le deuil.
Les jambes recroquevillées
Il semble bien installé.
De ces regards sur lui portés
Il a appris à se blinder,
Il est si bien entouré
Qu’un tel service fait rêver,
Tant de gens attentionnés
Lui font ses quatre volontés.
Mais en le voyant, on comprend
Qu’il vit là son pire tourment
Car aucun autre choix n’échoît
Qui, de la vie, subit sa loi.
C’est un écorché vif qui souffre
Mais ne se plaint, au bord du gouffre
Où il souhaiterait plonger
Lorsque son âme est abîmée.
Gardant en lui ce qu’il endure
Pour que nul ne voit ses blessures
C’est une force en lui acquise
Qui toute entrave à sa voie brise.
Chaque jour le même challenge,
C’est une bande que l’on change
Et c’est alors pendant des heures,
Qu’en silence il subit les heurts.
D’un mal allant si peu se plaindre,
Qu’un petit bobo nous fait geindre,
Serrant les dents sans grimacer,
Shooté à mort, mais pas assez
Car la douleur est trop intense
Et chaque jour ça recommence.
C’était bien mieux avant,
Mais, y a-t-il eut un avant ?
Issu d’un fruit qui se nécrose,
Et non d’un chou ou d’une rose,
Ils ne connaissent du commun
Qu’un mal mortel qui les étreint.
De ces regards qui les épient,
Classé au rayon des momies,
Ils ne pourront que s’exhiber
Ne pouvant le complet porter,
Mais se montreront éclatants
S’ils sont mis au premier rang.
Deux fois j’ai du croiser cet homme
Et, m’imaginant à sa place,
Quand de mes maux je fais la somme,
A ma vie je peux faire face.
Écrit en juin 2012 après avoir croisé cet homme ...
Poème posté le 30/04/16