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Poésie libre / A bientôt sous les ponts
              
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A bientôt sous les ponts
par Nathan


Vous pourrez m’y trouver, sans coussins, auprès de ceux qui n’ont rien, En train de me réchauffer les mains au-dessus d’un baril de feu. Loin de tout et près de rien. Ou alors peut-être que si… Près de ceux Dont l’image sans est allée, près de ceux qui s’inquiètent de manger à leur faim. Car c’est décidé, je ne veux plus prendre une ride auprès de ces êtres hideux. Eux les faiseurs de chagrin, eux et leur sang sur les mains, eux, les inhumains. J’aurais faim, j’aurais soif, mais j’entendrai le bruit des bateaux chaque matin. Les bateaux et les vagues, les pauvres repas et les dagues : je ne serai plus comme eux. J’aurai cinq couches de vêtements troués par l’usure et la difficulté, Je serai vulnérable et ignorant, j’aurais une misérable cystite et un corps bossu. Et des cheveux gras sans shampoing et quelques dents en moins que j’aurais gardé Dans une boite, que j’aurais trouvé dans une poubelle d’un retraité du monde du dessus. La petite boite contre mon lob droit en guise d’oreiller, je l’attendrai. Si je dors à droite, C’est parce que mon cœur m’angoisse, alors je me tourne de l’autre côté, vers le silence. Chaque nuit sera un cauchemar, pour l’esprit mais aussi pour mon corps, mon corps tout moite. J’aurais beau attendre, en vain. Car la petite souris ne passe que pour ceux qui ont de la chance. Je me contenterai alors d’une de ces sales et crasseuses cousines d’égout dépourvue de monnaie, Qui viendra ronger avec ces crocs acérées, mon reste de mie de pain que je venais tout juste de voler. Je vous entends déjà : « Comment peut-on désirer une vie sans biens substituants le soleil ? » — Eh Bien… Je préfère cent fois ma future médiocrité matérielle à vos infinies lacunes intellectuelles. Là-bas, non loin d’ici, mais dans un autre monde, rendez-moi visite. A bientôt sous les ponts.



Poème posté le 12/10/19 par Nathan



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