Le dépôt des enfants perdus
par Francis
J'ai laissé derrière moi le bruit de la ville, la furie du vent froid et visqueux sorti du fleuve.
Je parcourais des trottoirs luisants, boulevard Rochechouart j'ai poussé la porte de "la choppe d'Anvers", posé mon manteau, me suis assis au bar.
Alors, j'ai gratté ma chance
le temps d'un café
qui m'a serré le cœur.
Un homme est entré, il saluait ses amis, il m'a tendu la main. Elle était douce et m'a reconnecté au monde.
Le patron m'attendait, j'étais déchireur de vitre, la mode n'était plus à la transparence.
Sur le café brûlant j'ai soufflé
comme le vent derrière la porte.
J'ai sorti mon grand couteau à glace
et par la vitrine déchirée
j'ai soufflé des remords de brumes.
Dans le bar, hommes et femmes saisis de lumière ont emporté des lampes, ils m'ont suivi dans la nuit.
Nous sommes allés au dépôt des enfants assistés de la Seine.
J'ai pris un enfant perdu dans mes bras, il m'a filé une beigne, mais rien n'y faisait, il était magnifique.
Maurice, Mose ou Moïse qu'importe
il y a toujours l'amour comme un fleuve pour sauver les enfants perdus.
Poème posté le 12/01/20
par Francis