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L'Ode à Picasso
par Polymnie2


Ecrit par Jean Cocteau Est l’un des premiers hommages du poète à son ami peintre. "Parlant d’un peintre, j’évite de peindre. Je lui consacre un poème non décoratif mais réaliste. J’essaye de m’exprimer le plus possible sur son drame avec un vocabulaire modeste, d’employer le vide comme une marge Je réunis un petit nombre de petits mots usuels dont seules les perspectives S’harmonisent". En deux actes : 1 – L’homme assis L’or de la glace tourne autour. Le dompteur de muses qui attache, une casserole au caniche de la troupe, a son tour puni médite un mauvais coup, un croc-en-jambe, car les ayant taquinées il fut pris dans leur ronde terrible, et là il cherche par où sortir ! 2 – Les muses L’accident qui aurait pu arriver s’achève en fugue. Preuve par neuf* ; il jouait seul et sa main déplace les muses. Carré de Dames : une charnière les dédouble ; en voici huit et le greluchon, Polymnie. Les neuf muses neuves, sauf une, car Polymnie en surnombre (elle habite avec moi) m’emmène chez le picador ; mais aussitôt l’œil du maître la repousse au matricule numéro neuf et son pousse étale un éventail du groupe. Même en ce cloître la petite Erato trépigne d’être belle sans cheveux. Un solfège d’épaisseurs drape Euterpe ; elles furent jadis chefs d’orchestre au palais de l’usine à notes, dont le moteur bat c’est ton cœur. Terpsichore, attentive à soutenir toutes ces dames en équilibre sur sa hanche, Avec un appareil de velours et d’or. Ecoutant la guitare fée, les objets te suivent Orphée jusqu’à la forme que tu veux. Clio du zinc, Calliope téléphone les faits-divers et Uranie allume les becs de gaz qui fardent les marronniers par-dessous. Guignol la guillotine Thalie et Melpomène. Alors les tambours de Santerre vous font taire, reine bavardes. Le solitaire* Mange la ville. Son distributeur vous débite complétement différentes. Il partage le soleil l’ombre et comme il a cassé sa guitare sur la grosse tête de Clio, elle titube et elle oublie l’ordre des dates. Il vous épouse. Il vous séquestre*. Il se promène sur l’asphalte Si douce à sept heures et demi de septembre au bord des grands cafés à l’ancre où la mort écrivait ses lettres sous un lustre de Noël. Où ? Qui ? quoi ? Quoi? Il vous délivre* et consulte l’obéissance. La batte ouvre un œil d’équerre. Danseur vêtu de ripolin. Maison close dans tous les sens : Etonnante découverte. Un silence d’espadrille précède le marlou que Mnémosyne paye neuf fois, car elle tient un compte exact De ses filles. Rien dans les manches rien dans les poches. Un monsieur* Voudrait-il prêter son chapeau A l’arlequin de Port Royal ? Ecrit par Jean Cocteau Cette Ode à Picasso est la Version définitive de 1920 Je l’ai trouvée dans un livre de Poésies et morceaux choisis du même auteur. A noter que les vers en italique étaient positionnés à droite du texte.



Poème posté le 09/08/16


 Poète
Polymnie2



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