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Poésie libre / Dame félicité
              
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Dame félicité
par Djokaire


Il est des nuages qui, parfois, pleurent ; Quelques taches onctueuses mais grisantes. Et si moi, là, je ne cherche point d’ailleurs, C’est pour farder cette anicroche plaignante. Il est des murs bardés par les époques ; Ces reliquats que ma détresse provoque Lorsque la lune, engourdie par la brume, Réfléchit des rayures turbides sur l’écume. Il est un castel abordant les océans caligineux, Inconnu des seigneurs, aux extrêmes, preux. Toutefois, lorsque l’aurore retourne le sablier, J’aime à guetter les traces de mon cavalier… Au gré des vergers mordus par l’hiver trop rude Dont l’étreinte glacial crache encore ses turpitudes ! Les poudreuses ont tantôt fait d’achever les cannelles Tout en rappelant que cette violence n’est pas nouvelle. Au gré des couloirs aussi vides qu’un cœur invaincu Avant que ne viennent les passions pour l’inconnu ! Tournent les vents s’infiltrant par les brèches Et les vadrouilles comme les peintures s’assèchent. Au gré du sommeil céruléen des tentures illunées Pour ce que la conscience, parfois, dissimule ! Là, les sentiments défient leurs infinies ergastules Et les étoffes racontent leurs arcanes surannés. À toute heure, au sein de mon palais solitaire, Frangés des spacieuses étendues arénacées, Je demeure la princesse, dans sa robe, drapée, La princesse aux vraisemblances vulnéraires ; Sous mon immortel manteau carmin, Par-dessus mon charmant corsage turquin, Faisant face à l’équilibre des flots étales, Obombrée par les silhouettes vespérales. Si mon souverain n’est pas encore survenu, Si, le son de ses pas, je n’ai pas encore entendu ; Je me plais à monter jusqu’au signaleur, parfois, Ici-haut, dressant l’oriflamme, je pense à lui et moi. Le crépuscule disparu, je vais, cœur saignant Je me défais sur la plage et me baigne nue dans l’océan ; Je garde le corps luneux et l’âme en détresse ; Cette flamme dont je ne veux plus être la maitresse ! Je suis Dame Félicité, je suis l’ultime épreuve du condamné ! Mon étreinte ne saurait reconnaitre ni le cœur ni l’âge ! Et lorsque reviennent les réminiscences de mes pérennités, Je cours sur le sable, je cherche pour lui, j’attends son naufrage. Mon souverain, qu’il vogue, qu’il marche ou bien qu’il cavale, Mon souverain, moi, je l’attends, je scrute à l’horizon son signal. Il doit demeurer errant, entre mon donjon et l’épilogue du monde, Mais qu’importe là où ses blessures semblent les plus profondes ! Alors, j’écoute les murmures que me soumettent les fleurs nivéales, J’en oublierais presque l’hypothèse d’un ciel, au demeurant, vernal ! Je danse parmi les lilas, les orpins, quelques bouquets insoupçonnés, Comme si je valsais, oui, dans les bras ardents de mon promis brisé Pour le délivrer des nuits mélancolie, pour le délivrer des jours marasme ! Il sera ici, tel qu’il se tient dans mes songes, tel qu’il se tient dans mes fantasmes Par les eaux domptées, par l’herbe fauchée ou par les airs fendus ! Au-delà des peines, au-delà des labeurs, au-delà des malentendus ! Un jour, un jour ! Un jour, serment, viendra les couleurs vives ! Un jour qui sera le premier sacre de son espéré printemps ! Un jour d’étoffe lacérée durant lequel frémira notre sang ! Un jour dont les éclats miroiteront une joie persuasive ! Ah ! Je désespérais mais j’ai revisité le charnier envahi des lierres Cette nécropole où se reposent l’esprit des trop subtils bonheurs ! J’y cueille et recueille mes deuils contre les cercueils de feuilles Car il est souvent des cieux à se pendre aux nuages par orgueil ; Mais comment se rendrait donc mon altesse sans mon étau Sous les affres que lui ont offert de trop nombreux tableaux ? Je crains, les nuits nécropoles, d’achopper près de son souvenir Mais le désir surpasse la terreur puis transcende les soupirs ! Les soirs sont vénustes et moi, je m’enfuis vers le mausolée, Espérant que, pas une fois, je n’y rencontrerais mon chevalier Si le roi qui est le mien, à bride abattu, s’est vendu à l’affliction Moi, j’apprécie me perdre ici… vérifier notre tendre passion. Dans mon château d’ombre et de roche, savouré par les vagues, Je me meurs doucement, emprisonnée dans une tendre alpague ; L’esprit toujours à la recherche de mon indigent, de mon utilité, Et la conscience harassée de rester un symbole de sérénité. Jalousant l’apparats des allégories désespoir ou bien tourment Que suivent les hommes de la naissance jusqu’au firmament, Je crois bien que je peine à assumer le royaume et l’exil Sur ce trône à la joliesse évidente bien que futile ; C’est finalement la félicité qui se perd dans le soupir Et les pierres gélives n’y trouvent rien à redire.



Poème posté le 03/02/20 par Djokaire


 Poète
Djokaire



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