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Poésie libre / Beau soir de bruges
              
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Beau soir de bruges
par Djokaire


Nous étions des revenants, je présume, Le soupir plaintif qu’abattent les écumes ; Nous étions des condamnés, je le crois. Des passions crues, s’y fier dans le bois : Voilà, sans doute, ce que nous fûmes… En chronique ignée comme en cendres, Tel qu’il nous semblait être la coutume. Tu sais, j’aurais voulu pouvoir te défendre Comme l’on défendait, parfois, sa patrie, La marche lourde et l’absinthe au fusil… Mais qu’importe le champ de batailles Car j’ai connu la chimère de mitrailles Lorsque tu auras promulgué ta survie, Lorsque tu auras décrété mon trépas ; Je n’avais pas entravé, par le combat, Que c’était, en réalité, toi, l’ennemie. Le cœur transpercé au dédain lumineux Et puis, sans omettre, le corps au pieu. Les draps cérulescents sur moi, atterré, Pour l’éternelle complainte du renoncé. De notre union cramée, je crains le feu, Si notre oriflamme surannée était adieu Si notre raisiné jamais ne se mélangera, Sauf l’incarnat fontinal au fond du verre Qu’au triomphe de ma mort, tu lèveras Bien que la bruine ne creusera ma terre. Et rien pour exciter une ultime cigarette, Afin de lénifier ma farouche silhouette ; Pas de fumée contre la lanterne qui luit Pour valser avec les ombres de la nuit. Cependant que la damnation me survie, Mordu des mots rompus et des maudits, Se dresse la faux pour mon entendement Puisque ta mascarade l’oxymore tellement, Puisque tous les deux, nous n’avons dieux Que pour les antiques serments capiteux ! Des fins, ne restais-je pas sobre au désarroi ? Si fait ! Car, je suis, quand sonne le beffroi ; Toujours le vent pire, des allées de Bruges, Que la sempiternelle grisaille de ce refuge. Égal aux mythes maléfiques que l’on conte, Je ère comme un pauvre hère pour un infini, Au parfum de ramures flottés qui remonte Des canaux d’ébène, en pénible harmonie Avec un ciel d’encre aux tâches maussades Qui n’en achèvent pas de leur promenade. Vivaces en fantôme, on perd nos repaires Tels ces nuages obombrant les lumières. Le soir je vais, l’âme en fantastique détresse, Je m’abandonne telle une tendre promesse Et malgré la tombe, les songes reviennent À la charge, sans prévenir, prenant d’assaut Les remparts déjà brisés de mon château Pour y couronner mes incessantes peines. Ah ! Si la couleur n’avait pas perdu la raison On aurait pu en faire rougir les charbons… Tu t’en doutes mais c’était peut-être cela, Après tout, mourir d’amour, n’est-ce pas ?



Poème posté le 17/02/20 par Djokaire


 Poète
Djokaire



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