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Transports en commun
par Ombrefeuille


Les portes viennent de se refermer en claquant, le bus reprend sa route à travers la cohue urbaine. Celle qui est montée à l'instant, jeune encore, pousse nerveusement une poussette. Il y a un enfant dans la poussette, un tout-petit. Un an, deux ans peut-être ? Il se tortille et s'agite, les yeux partout à la fois, les mains prêtes à toucher tout ce qui passe à leur portée. L'allée est étroite, la poussette avance en cahotant et en heurtant çà et là tout ce qui traîne. La mère pousse la poussette, et des soupirs agacés, et des jurons fatigués à demi murmurés. Enfin la voilà appuyée des fesses là où elle a pu se faufiler. Elle sort son smartphone de son sac, son pouce glisse sur l'écran lisse, rapide, précis, avide, pressé, ses yeux sont captivés, obnubilés, son esprit est hypnotisé, prisonnier. Dans la poussette, le gamin commence à pousser des cris, de plus en plus fort, des cris aigus, perçants. On entend quelques soupirs excédés, des remarques ébauchées, on voit des regards outrés, des haussements d'épaules, des hochements de tête, et même quelques petits coups de menton, brefs et pointus. La mère, elle, n'entend rien, ne voit rien, ni son môme qui braille, ni le brouhaha mécontent qui les concerne, elle et son mouflet. Elle est ailleurs, avec des tas d'amis, sur internet, sur un forum, sur les réseaux sociaux. Elle blogue, elle tchatte, elle twitte. Le gosse veut quitter sa poussette, il veut courir dans le bus, il veut un câlin de sa maman. Il se contorsionne autant qu'il peut, il s'excite et s'obstine, tant et si bien qu'il manque de faire tomber le smartphone de sa mère. Soudain ramenée sur terre, la mère, pourtant si jeune, apostrophe rudement son marmot, lui ordonne de se taire, lui enjoint de se calmer, lui dit même qu'il est chiant. Non mais c'est vrai, quoi ! Un peu d'autorité ! Un peu de discipline !... ... pensent les gens, les hommes et les femmes, les jeunes et les vieux, bref, les autres, sans lever le nez de leurs tablettes, le regard comme ensorcelé, le pouce vif et efficace ...

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Poème posté le 24/02/20 par Ombrefeuille


 Poète
Ombrefeuille



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