Poème A la merci par Lau

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A la merci
par Lau

Quand à l’orée de la nuit s’évapore le superflu, se fluidifie la pensée lourde envenimée par la journée où par son absence grisée le soleil brilla mais ailleurs, les plages blanches sont des filles. Cotonneuses, enjôleuses : prête à l’œillade incitatrice, au son d’une cithare experte, l’une d’elle invite aux délices, l’autre à la mélancolie noire... Alerte. Mon penchant va pour celle qui lave à l’extase les tourments, scande en savoureux sifflements des chansons de lointains exquis. Je laisse aller l’humeur au ciel, aux trois étoiles qui s’alignent en un blanc-seing vers des rumeurs de chaudes savanes et d’étangs peuplés de sandres arc-en-ciel, de perches rouges et de rainettes. J’embarque sur un skiff armé d’un fantôme amplement filant, irisant la surface à peine de sa trajectoire, illusion, le miroir se scinde en deux plans et la frontière de remous progresse au gré des martinets, chardonnerets, bergeronnettes, un concert de nuit pour fauvettes et salanganes en habits clairs, phosphorescents. Quand à l’aurore bientôt, un neuf et frais rideau se lève et confond le vrai sur le rêve alors le vent chasse l’ennui de la veille et les nouveaux fruits s’offrent sur les grèves ébènes : le noir laqué scintille tant, fouetté de cette autre lumière que je ferme les yeux le temps d’écouter jusqu’au cœur des pierres la douceur d’être encore vivant.

Poème posté le 14/03/20 par Lau

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