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La vieillesse
par Ecrivain en herbe


Voici un état auquel personne n’échappe, mais faut-il encore savoir comment l’aborder et la vivre. Elle arrive dans notre existence, petit à petit, sans que même nous n’en ayons conscience, nous surprenant au détour d’une ridule déposée sur notre front, de petites stries fines au coin de l’œil ou bien aux commissures des lèvres que le miroir s’empressera de nous restituer. Puis les ondes naissantes laissées par le temps sur notre visage cèderont bientôt la place et de larges et profonds sillons s’imposeront, nous donnant un air philosophe et intelligent aux yeux de la nouvelle génération. Les coquettes ne l’accepteront pas et troqueront leur nouvelle sagesse contre quelques injections de botox pour paraître des années de moins. Ah….. paraître ! Grand mal de cette société du superficiel qui n’a rien compris à l’essentiel. Quoi de plus beau qu’une barbe qui blanchit, des tempes qui se parent d’une belle teinte argentée, des maquillages légers qui mettent les regards encore vifs en valeur. Moment de notre vie où notre faciès buriné et forgé par les épreuves, nous donnant un air presque respectable rejoint un corps toujours fringant ; moment où nous sommes pleinement conscient du temps qui passe et où il nous reste suffisamment de vigueur pour partager et inculquer à notre descendance toute la valeur de ce qui fait une destinée réussie. Puis elle se chargera, au fil du temps, de s’en prendre à notre quotidien, imperceptiblement, insidieusement, nous faisant commettre oublis et fautes. Notre plastique, jusqu’alors conservée au mieux de nos efforts, commencera à connaître les méfaits d’un déclin irrémédiable et irréversible. Les toisons se raréfieront, des cernes indélébiles empèseront les regards, les cous se détendront , les peaux se friperont, les rondeurs fermes s’affaisseront. Qui que nous soyons, nous subirons tous son châtiment. C’est la grande empêcheuse de tourner en rond, embrouillant nos pensées, obscurcissant notre intellect, nous ôtant de manière presque subtile nos capacités, veillant à nous affaiblir chaque jour davantage, tentant de nous voler notre vivacité, nous poussant à garder le fauteuil, puis plus tard le lit alors que notre esprit est encore pour certains, capable de prouesses. Elle ne souffre aucune égalité lorsqu’elle frappe : certains, assis sur une chaise d’hospice riront béatement, les yeux hagards, attendant l’heure fatidique du grand voyage, tandis que d’autres, plus chanceux, arpenteront encore pendant de nombreuses années les salles de musées, iront apprécier un concert, intègreront un club de bridge ou verront un film d’auteur pour en débattre ensuite à grand renfort de mots érudits. Maladie, omissions, déchéance, frustration, rien ne nous sera épargné. Elle nous rendra beau ou hideux, sage ou fou, essayera par tous les moyens de nous destabiliser, de faire défaillir notre mémoire, de faire trembler nos mains naguère si précises en leurs gestes. Elle cherchera à nous faire vasciller sur nos jambes, si vigoureuses autrefois, elle courbera nos épaules, opacifiera notre vue jadis perçante, ouatera nos tympans et amenuira nos forces. Ennemie de l’éternelle jeunesse, elle est la mère très sage d’une fille très folle, la période paradoxale où chaque minute compte et où le temps en lui-même n’a plus d’importance. Cette étape de notre vie où les membres s’ankylosent, les doigts se recroquevillent, les souffles se font courts et les gestes hésitants, où les visages des êtres aimés s’effacent progressivement, les souvenirs deviennent flous et la raison s’étiole. C’est l’éclaireuse qui accompagne patiemment chacun de nous vers sa dernière demeure, issue certaine et implacable dont nul ne revient. Mais Grand Dieu, qu’importe finalement, pourvu qu’elle nous emporte ensemble, toi et moi, et que nous poursuivions notre chemin, main dans la main comme nous l’avons toujours fait jusqu’alors. Bien sûr, nous ne la vaincrons pas mais, unis, nous l’attendrons et la combattrons, même si au demeurant nous mesurons la futilité d’une telle bataille. Elle nous emportera dans son sillage, mais je ne la crains pas car je suis avec toi.



Poème posté le 22/09/16


 Poète
Ecrivain en herbe



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