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Poésie libre / La cour des fleurs
              
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La cour des fleurs
par Fragmentdelune


Si nul n’est à l’abri, d’aimer et d’en mourir, À cette heure où l’amour se suffit des poèmes ; C’est que l’amour est vain et qu’il nous faut souffrir Et feindre la douleur jusqu’à la douleur même. Voyez-vous, Votre Grâce, en ces temps déchirés, La plupart des hommes font montre d’inconstance. Sur deux adulateurs si prompts à soupirer, La moitié n’inspire que par impertinence. Savez-vous bien, Madame, à quel risque on s'expose, Quand dans tout l'Outreterre, on vous fait les yeux doux ; De vous auréoler des plus charmantes roses, Et de les rassembler, ainsi, autour de vous? Ne savez-vous donc pas, qu’un tel bouquet de fleurs, Brave la nature et attire les abeilles ? Qu’à force de beauté, vous siphonnez les cœurs ? Que par ce procédé, vous narguez le soleil ? Mais, à ces doux tableaux, le char de l’univers, Pourrait bien, devant nous, si le mal vous en prit, Arrêter sa course et repartir en arrière ; Dans l’espoir, peut-être, que vous ayez souri. C'est qu'hélas, vous mettez les bardes au travail ! De l’ode au triolet, en vain, à bégayer… Mais comment voulez-vous qu’ils posent leurs rimailles, Alors qu’à votre vue, ils les font s’érailler ? Nous étions résignés ; courtisans capricieux, À vénérer le Lys, le Corbeau et le Lion. Nous avions résistés, jusqu’alors ambitieux, A nous abandonner aux vives perditions. N'aurez-vous donc pitié de tous ces pauvres diables Qui n’ont pas de trêve et vont furieux, fou, jaloux, Se jeter à vos pieds, vous raconter des fables Dans l’indicible espoir d’adorer à genoux ? Dieu miséricordieux, Seigneur de tous les hommes ! Vous qui faites le bien et pouvez tout le mal ; Vous, qui par altruisme, vous occupez des sommes, Voyez comme on aime ! Voyez votre animal ! Ayez pitié de nous ; bougres ! vilaines choses ! Qui aimons les roses, l’iris et le muguet, Qui à tout bonheur et à tout malheur s’exposent, Devant les tulipes, les lilas et l’œillet. Si l’on savait l’amour comme la botanique : Aux doux parfums des nuits, nous trouverions la paix, Et nos corps exhalés aux désirs laconiques, Forts d’émerveillements, pressement s’aimeraient. Mais nous ne savons rien, nous passons en silence, Devant les prés fleuris et les bouquets garnis : Hébétés, stupéfiés ; par les beautés immenses, Qui rient de nous voir un air aussi verni.

(poème écrit en jeu de rôle grandeur nature pour Outreterre à la duchesse)

Poème posté le 29/03/20 par Fragmentdelune



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