Le rouge-gorge sur sa branche attend l’aurore
Muet figé seul au jardin depuis longtemps
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Un nuage au fronton d’un building qui se dore
Penche vers le vitrage où sa clarté s’étend
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En douce l’avenue éteint ses réverbères
Des pigeons perchés-là se courtisent d’instinct
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Sous l’arc encore ombreux d’une porte-cochère
Brasille le mégot d’un fumeur indistinct
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Qui pourrait supposer que ce quartier tranquille
Aux bazars aveuglés par leurs rideaux de fer
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Verra bientôt vrombir un flot d’automobiles
Dont le courant sans loi fonce à tombeau-ouvert
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Restons côté jardin cher enfant et regarde
L’épeire au coin du mur qui tisse ses rayons
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Vois au ciel le troupeau de nuages que garde
Le berger Apollon aidé par ses avions
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Vois sur les rosiers là somnolant sur sa feuille
Rouge au milieu du vert cette bête-à-bon-dieu
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Et ces petites fleurs dont chaque jour tu cueilles
l’une afin de l’offrir en un geste joyeux...