Le samouraï
par Hoho
Les décombres gris vert encombrent le hameau
Où la douce chaumière expulse son poison
Noir. Voyez ces corbeaux ainsi qu'une prison
Ecorcher l'horizon de ce ciel sans victoire.
— Ah ! L'armée en déroute ; elle a fui ce seul homme,
Le sel blanc nous écoute, et je crois voir la mer :
Maints navires sans mats naufragés sous du chrome.
Le triste marcheur marche. Il marche vers l'enfer.
Assis là, les deux mains empoignant la rapière,
Sans espoir est demain, le village est fini,
Son katana dessine un crâne sur la pierre :
Le guerrier a vaincu mais la guerre vainquit.
Le vieux Soleil s'endort au pays du levant,
Sa lumière écarlate éblouit tous les arbres,
Les photons sont actifs et dénudent les champs
Où gît au lieu des blés une étendue de sabres.
A travers la mémoire, on perçoit l'ennemi
Pauvre, minable lâche et triste incendiaire,
Sur les bambous du ru, les sérieuses fourmis
Susurrent des sanglots, vains cris rouges d'hier.
Les fleurs blanches du tronc aux cerises champagne
Se sont teint d'incarnat voltigeant dans l'air fort ;
Pas même un seul enfant ne joue dans la campagne
Où flotte la senteur âcre et triste des morts.
Poème posté le 21/10/20
par Hoho