Agonie
par Hurlevent
Celle qui tranche les coteaux à la hache de vent
Celle qui saute les fossés de frayeur
Celle qui accompagne les mouvements d’eau
Celle qui rassemble les atomes éternels
Dans ses mains membraneuses
Puis, de ses digestions bilieuses
De ses enzymes faucille
Les disperse aux quatre vents
Celle qui s’infiltre de feuille en feuille
Celle qui émigre d’un souffle à l’autre
D’un œil qui se clôt à un premier regard
Celle qui sature l’air du calendrier des accouplements
Celle qui effraie la mort dans le miroir du lac
Celle qui réchauffe la banquise de la mort
Celle qui englue la mort d’une mise-bas
Celle qui brise la mort d’une éclosion
Celle qui tranche la mort d’une division cellulaire
Celle qui connait de la mort toutes les fins
Et le pas silencieux dans l’herbe rouge
Celle qui mâche la terre
Et recrache des parterres de roses
Celle qui a la sève au bout des doigts
Celle dont la larme acide monte de la gorge du matin
Celle qui s’étrangle dans la taille fine de l’horizon
Celle qui perdit l’arc-en-ciel des perches soleil
Celle qui s’abrase sur l’égrisée du blanc corail
Celle qui s’étouffe dans les boyaux du silence
Celle qui s’essouffle sur les pentes de la mort
Celle à qui désormais nul être n’est permis
Celle qui dégouline des yeux décomposés
Celle qui n’a plus la chevelure des forêts
Pour accrocher ses guirlandes d’oiseaux
Celle qui cherche en vain ailes et élytres
Celle qui est au sein décharné de la mer
Celle écrasée sous le amas de meurtres
Celle qui sèche la pluie dans la bouche
Celle qui n’a que le passé pour avenir
Celle qui convoite l’eau du désert
Celle dont le soleil a bu l’ombre
Celle qui part au loin
Qui part au loin
Part au loin
Au loin
Loin
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Poème posté le 20/12/20
par Hurlevent