Anéantissement
par Cardaline
Ne restent plus sur Terre que les jours et les nuits
Le système calendaire s’est fondu dans les limbes
Sur ce globe moribond jonché d’os et de suie
Un étrange soleil pâle et la lune dans son nimbe
Règnent en alternance, singuliers et distraits.
Les hurlements du vent pénètrent les vestiges
Des cités renversées vomissant de leurs baies
Des ferrailles gigantesques enchevêtrant leurs tiges
Les moignons d’arbres nus n’offrent plus prise au vent
Ces pathétiques témoins d’une sylve disparue
Défrichée sans pitié durant des milliers d’ans,
Victimes pétrifiées d’un bûcheron assidu
Que fit-il de ces arbres quand ils furent abattus,
Quelque charbon de bois ou bien de fiers navires
Pour aller faire la guerre sur des mers inconnues,
S’emparer des pays, y fonder des empires,
Des galères géantes hérissées de canons
Pour mieux assujettir les pays d’outre-mer,
Créer le chemin de fer portant dans ses wagons
Le butin extirpé des entrailles de la Terre
Par le fer, par le feu les voici révolues
Ces magnifiques forêts qui rythmaient les printemps
De grands fûts massacrés à l’écorce vermoulue
Attestent sur ce désert ce que fut le vivant
Sur cette Terre mortifiée la Nature est vaincue
Enterrée maintenant sous les éboulements
Avec son prédateur, tout orgueil rabattu,
Un linceul de poussière voile la fin des temps.
Poème posté le 16/01/21
par Cardaline