Les combattants du vide
par Salus
Notre cri, c’était, qui se hurle,
La vie ! Et la voix où pullule
La misère dont naît, dur, le
Désespoir dans chaque cellule…
Nous avons vu changer le monde,
Nous n’en étions que l’ombre, et l’onde
De nos cent échecs fut féconde :
Nous avons perdu la faconde !
Comme être entier, c’est être fort,
Nous n’avions pas cru que la mort
Jamais ne lâche et ni ne dort ;
Nous avons vu tourner le sort
Et partir nos belles années
Avec nos idéaux athées
Et nos amitiés tant vantées ;
.. Et les vanités surannées,
Nos prétentions de jeunes coqs,
Nos coups de tailles et d’estocs,
Les vents aux toiles de nos focs ;
Nous fûmes voués aux molochs !
Nous étions le futur de l’homme ;
Nous étions le futur, et comme
Chacun, condamné dès que môme,
Portait l’identique symptôme,
Nous nous sommes trouvés sans mal,
Dotés d’un flair phénoménal
Pour ne faire ensemble, au final,
D’effet qu’infinitésimal
Aux abjections universelles !
Ainsi, tous ceux et toutes celles,
A peine le cul sur leurs selles,
Encor puceaux, toujours pucelles,
Qui voulaient vivre leurs amours,
Et leurs révoltes, troubadours
Des libertés sans vils atours,
Furent violés, tour à tour, tous !
Certains auront vieilli quand même,
Il en est certaine que j’aime,
Mais beaucoup, victimes du schème
De l’absolu - l’étrange gemme ! -
Ont sur l’autel de leurs idées,
Avant de les avoir ridées,
Sacrifié leurs peaux vidées
D’avoir été dépossédées…
Poème posté le 26/10/17