Cartes
par Domagoj sirotinja
La première carte la plus large
quand jeune et volatile,
plein de rêves, de volonté et de violence,
on erre dans le monde des cartes,
des chèques couleur nougat,
des pièces d'or au chocolat,
fort de se sentir libre
quand triple compte le mot
comme le verre compte double
un soir de scrabble à l'échelle européenne.
Mais quand la seconde carte vient
et que dame nature vole
quelques espoirs d'un vieux Noël,
consumé par le travail,
buriné les nuits sans sommeil,
on s'accorde à penser qu'il n'est
plus si simple
de répandre le liquide le vrai
sans pour autant livrer
ce qu'on attend de nous.
Ce propos est devenu banal
étant donné que le monde
que tu es en tant qu'individu
boude l'originalité de peur
d'avoir à vivre sans le mensonge.
Et quand tombe la dernière carte
qu'on a mangé tout son crédit
se dérobe une belle
mort
d'un silence étourdissant...
On se souvient des mots triples,
avec mélancolie des verres doubles,
de cette épargne jadis éloquente,
des points cumulés, perdants, gagnants,
du lent travail de sape sur notre compte.
Poème posté le 31/10/17