Sente perdue
par Uncynique
par Uncynique
Ô phare abandonné à la brume si triste,
Ô Empire déchu, qu'une faiblesse d'âme a ébranlé,
Ô phare abandonné à la solitude, résiste,
Car rien n'est pire qu'il ne l'a jamais été.
Faible, faible, faible, je le suis !
Face à cette peine qui encore me suit !
Que l'on m'achève, que le blizzard m'emporte,
Je serai une offrande à la muse qui m'escorte,
Jusqu'à la sente étayée de pins larmoyants,
Qui me guide vers ce personnage errant.
Vagabond qui dit alors :
"Un cœur de pierre sombre aussi vite qu'un cœur d'or,
Dans les profondeurs du néant,
Dans cet univers métaphysique,
Concept mystique et rassurant,
Auquel on s'applique,
Auquel nous nous soumettons" .
Le cri des oiseaux résonne alors qu'il s'arrête de parler,
Comme s'ils acquiesçaient avec ce son,
Je reprends alors mon chemin, troublé.
Que la vie pèse sur mon teint pâle,
Et mes balafres, et mes plaies sales,
Que la vie pèse sur mon esprit,
Qui préfère être libre, en mourant ainsi.
Je n'ai besoin pour voyager de rien de plus
Que quelques chemins, quelques nuits,
Rien n'étant plus beau que l'inconnu dans la vie,
D'une véritable découverte je ne puis qu'être déçu.
Tourner le regard vers les cieux mystiques
D'une claire nuit bucolique,
Les astres semblent se lier,
D'un fil fragile par lequel je suis animé.
Sur mon chemin les lampadaires brillent comme mille lunes,
Et je prie que mes nuits ne soient pas mille et une.
Les astres m'écoutent pieusement, espoirs nocturnes,
Tandis que je partage mes tribulations avec l'étoile brune.
Je déambule alors maladroitement vers le miroir,
Où je puis voir ma mort, car m'y vois moi-même.
Face à la vie je suis sans pouvoir,
Je ne vois de la vie que l'emblème.
Par mes passions mon cœur s'est trouvé déchiré,
La flamme ardente n'ayant que trop brûlée,
Ne laissant en mon âme qu'un amas de cendres,
Qui me mène, vers les Enfers, à descendre.
Làs ! Je cède si aisément à la pesante acédie,
Sur mon regard la réalité se pose,
Laissant à mon âme imaginer ce que La Nature eût dit,
Lors du jour premier, quand l’eau s’écoula en prose.
Les vastes collines animées, corps et âme,
Bluegrass en effet, tandis que la poésie, le second jour,
Me guida vers mon salut, acceptant mon amour,
Me menant à un peuple sans armes.
Et si je ne vivais qu'un rêve ?
Peut-être me noies-je dans la vigoureuse aventure,
La Déesse n'aurait point d'ambroisie, mais de la sève,
Et mes pas porteraient fière allure.
Rêve ou non, je me suis perdu sur le plancher,
On ne m'aime pas, et j'aime trop,
J'ai été brasero, je suis cendrier,
Et la poudre triste me colle toujours à la peau.
Dépoussiérer un cœur agité n'est tâche aisée,
Mes pas s'appesantissent, époussetant ces cendres
Qui m'éloignent de la vie et de son âme tendre.
Ainsi mon fait serait chose faiee.
A ma surprise, je me retrouve gisant sur une plage,
Au sein d’un archipel tropical empli d’azur, défiant les âges.
Les eaux lagunaires me font mousse aux pieds,
Dans ce paradis où règnent printemps et été.
Reprenant la sente perdue dans ces collines ardentes,
J'y perds tout, mes responsabilités, mes passions.
Toute ma misère n'est dûe qu'à ce chemin que j'arpente,
Mes démons hurlent à la lune, hurlent à l'unisson.
Je suis libre de tout faire, de suivre toute voie,
Mais tout ce qui est bon est fini,
Et étant mauvais, je vais m'étendre à l'infini,
Jusqu'à ce que les chiens aboient,
Lorsque je serai seul, pleurant devant Morphée,
Que je serai seul, criant à la forêt abandonnée.
Mes bras tremblent
Le vagabond a disparu
De son goût la vie à perdu
Corps et âme sont ensemble.
Une épopée exclusivement rédigée en extérieur.
Poème posté le 17/03/21
par Uncynique