Âtman
par Kerlann
Ton âme s'en est allée,
un soir,
dans le ruissellement miraculeux
des mots ;
laissant battre ton cœur à nu,
dans la profondeur des ténèbres.
Ce n'était plus l'amour,
levain de l'âme qui voyage,
et qui grandit étrangement
dans le cœur des amants.
Ce n'était plus ici,
même pour un instant,
la beauté aveuglée
qui revenait
dans ton regard émerveillé.
Tu ne pouvais la suivre.
Tu ne pouvais plus vivre.
Tu rompais les amarres,
au large de l'enfer,
sentant venir en toi
l'appel de l'aube,
dans le déclin du monde.
L'oubliais-tu ?
Il y avait l'esprit rétif
qui jusqu'au bout résiste
et se rebelle.
Qui comme un fou,
refuse la fatalité d'un tel renoncement.
Qui, lui aussi, s'anéantit,
dans le pourrissement
de ta mémoire.
Pourtant, tu le savais.
Un jour, il te faudrait partir.
Rendre ton âme à Dieu.
Rendre cette âme évanescente
et pure,
comme un frisson,
sur tes paupières closes.
Tu voulais l'oublier.
Mais au-delà du temps,
au fond de toi,
tu le savais
depuis longtemps.
Tu sais que rien ne t'appartient.
Sinon peut-être,
un jour,
ton âme retrouvée,
plus douce que le doux
frôlement d'un baiser...
Dans les yeux transparents
des enfants ébahis.
Poème posté le 20/03/21
par Kerlann