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Poésie libre / Tintamarres prématurés
              
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Tintamarres prématurés
par Salus


(Réveille-quatrains) Dès matin, s’il cocoricote ! Un jour je lui tordrai le cou… Quand avec Morphée on fricote, Hurler ainsi ! non ! C’est tabou. Sec, son tic-tac me tape sur les nerfs ! Tel que le serf assujetti, des fiefs Du taf m’arrive un vacarme qui cogne : Adieu, sommeil, dont j’ai fait mon icône ! Une colère aiguë a teinté, mécanique ! Je jure : - Bon Dieu ! - dans l’aurore messianique… Je m’arrache aux draps, comme la racine aux dents, Au carreau brumeux ruisselle l’eau des autans... Je remonte, guillotine, L’instrument de ma douleur ; Et suant déjà la peur, Le sommeil fuit ma rétine ! Il arrête le songe en plein vol Et Chronos à son hurlement lance Le décompte ! … et reprends ton licol, Cette laisse restée en souffrance. Le contre-ut de son son perce, Et sa crécelle est une scie ! Bientôt, la machine-outil herse Le mental - c’est une hérésie ! Quel choc ! Quand tintinnabuleront les plats Où le truc maudit, reposé Au tas de pièces bien dosé, Nous pulvérisera Hypnos en éclats ! L’inquiétante trotteuse indique Du temps l’inexorable progrès ; Tout retard du sommeil est pathétique, Mais l’urgence est un dieu plus dur que le grès… Rien ne sonna ce matin A la tête de mon lit ! (Toute absence est un délit Dans le code adamantin) Dringue !!! (Dingue !) Sing- Sing ! L’heure ? Je l’ai pas entendue ! (Mais je dormais vraiment profond) Une surdité telle est due A l’épaisseur d’os, sous mon front ! Nager dans le ciel, rester sous la plume ! …Amère, l’aurore est affront très franc : Pour le tympan, dont résonne l’enclume Tout affolée, à ces façons de tank ! Après la beuverie, hier, Et désirant qu’il reste coi, J’ai jeté l’affreux bruiteur ! Fier De mon geste, eh ! qu’attends-tu, toi ? Hein, le réveil ? Hell ! Du sommeil le sel Disparaît sous le Doux calme qu’il foule ! Le soleil ne s’est pas levé Que jaillit la stridulence Agressive au bon silence Nocturne, soudain lavé ! Vous, dont les précisions Métronomiques de l’esprit Se passent des scissions Du grelot, je veux votre lit ! Chérie, après l’amour je veux M’endormir comme un bienheureux Sans craindre, acéré, le réveil, L’assassin froid du bon sommeil. D’un geste sûr, quoique dormant encore Mes longs doigts gourds claquent sur le déclic De cette horreur - juste avant que pérore, Cocorico ! ce franc klaxon de flic ! C’est pour faire suer le prolo, Patrons, cette invention capitale ? Croyez-moi, ça n’est pas rigolo, Réveiller la sphère occipitale ! La tête sous l’édredon, j’entends moins Qu’on m’assène - et vous en êtes témoins, Ce cri qui tue, ô nuit, l’épithalame Chantant - très bas - le pur or de ta flamme. Eveille au matin, O, dormeur mutin, Sans aucun rouage, La fille, en ton page ! Que tu sois coquine Quand sonnent matines Donne à qui, le trac ? Viens ! Faisons crac-crac ! C’est l’angoisse du terme, en coupant tout le charme, Qui me fait, amorçant mon réveil comme une arme Appréhender Morphée, où mon sommeil est terne, Et craindre ainsi demain plus que l’hydre de Lerne ! La cacophonie exaspérante due A l’oiseau de fer qui tout du sommeil tue Réduira psyché, pulpe, bribes, morceaux Dont la plume atteste, en de volages sceaux… Mon jacquemart personnel me Casse la tête chaque jour, Pourtant, dormir vaut le détour Fi des feux fous, tôt, de Saint-Elme ! Après l’avoir détruit, Je replonge aussi sec ! Pour le boulot, c’est cuit, Adieu, triste bifteck ! L’aurore au - dring ! - de rosse, Aux félicités tire Le chômeur - faut qu’il bosse ! (…) Puis l’engin réitère ! Ça me rendrait violent ! - j’en appelle à minerve ! Soit le tic, soir le tac, quelque chose m’énerve ! (Peut-être la promesse indubitable qu’il Aboiera, dès demain, pis que tout un chenil ! Jette ce trublion mécanique, Et que ton bras ne faiblisse pas ! … Le calme revient, dans les isbas, Dès que mort ce dieu faux - mais cynique ! Au son fêlé de ce maudit criard, Soumis, tous, comme au garde à vous se lèvent ! Quelque rebelle, heureux d’être égrillard Se retourne et plonge où ses ruts se rêvent… Ce matin, mes vers vous réveillent, Remplaçant le biniou fatal ; Vos consciences appareillent ? Replongez ! Au sommeil fœtal…



Poème posté le 23/03/21 par Salus


 Poète
Salus



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