L'île aux corbeaux
par Cardaline
Sur un îlot en miniature
Planté d’une vieille hêtraie
Advint la funèbre aventure
Aux oiseaux que l’homme exécrait
Ce corbeau que l’on diabolise
Depuis un temps immémorial
Porteur de mort, que l’on méprise
Est un volatile infernal
Peu après la fin des froidures
Le corbeau bâtit en forêt
Un nid pour sa progéniture
Au plus haut, contre les harets
Grâce au chant de ses vocalises
Sur une gamme magistrale
Les jolies corbelles il courtise
Ce machiavélique animal
Le corbeau suivant sa nature
Prépare des caches en secret,
Des provisions de nourriture
Dans les trous d’arbre et les murets
Lorsqu’il a trouvé sa promise
Après la parade nuptiale
Pour la vie à deux il pactise
Est-il Satan cet animal !
S’il n’a pas la désinvolture
Ni la grâce d’un chardonneret
Il peut dessiner dans l’azur
Des figures du plus bel effet
Le voici jouant dans la brise,
Ses plumes aux reflets de métal
Dans les rais de soleil s’irisent
C’est Lucifer, cet animal
Cet oiseau de mauvaise augure
Est plus habile qu’un furet
De cet îlot il faut l’exclure
Pour un long temps et sans regret
Voici l’hécatombe entreprise
Sans lésiner sur l’arsenal
Là, tous les chasseurs fraternisent
Contre cet abject animal
L’oiseau vole dans la ramure
Pour alimenter en vers frais
Les minuscules créatures
Toujours affamées il est vrai
C’est à cette époque précise
Que se déclenche la cabale
Chacun pointe son arme et vise
Cette espèce d’oiseau sépulcral
Bravant la mort et les blessures
Les parents amènent au plus près
De leur nichée la nourriture
Mais ils succombent sous les traits
Sur les fougères ils agonisent
Sans comprendre le feu déloyal
Dans les nids, après la hantise
Vient la mort de l’esprit du mal.
Poème posté le 27/03/21
par Cardaline