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La grande faucheuse
par Ecrivain en herbe


Jadis, j’entendais ton nom sortir de la bouche De ceux qui ont vécu et le soir qui se couchent Espérant être encore de ce monde le lendemain Pour en reparler, histoire de changer leur destin. Moi, je n’étais qu’un gosse qui écoutait les anciens, Croyant qu’ils attendaient une amie venue de loin, Tant leurs jours se résumaient à ne parler que d’elle Comme si c’était une reine ou une personne bien belle. Puis j’ai grandi et j’ai commencé à mieux comprendre Que leurs litanies n’avaient rien de très tendres ; Certes, certains l’appelaient comme on appelle un ami Qui vous délivre instantanément de tout souci, Mais j’ai vite saisi que la peur s’invitait aussi. Je voyais des rictus, je percevais des râles ; En scrutant leur regards, j’y voyais l’inquiétude Des aiguilles qui tournent, le temps de l’incertitude. Mais j’étais si loin de leur vision de la vie, Moi qui n’aspirait qu’à sortir et voir du pays, Enfant souriant, gai et turbulent que j’étais, Il y avait dans mon esprit tant de projets. « La Grande Faucheuse » ils l’appelaient les vieux à la messe, Comme si, comme une dame, elle eut ses titres de noblesse ; A force, je l’imaginais grande, fine, vêtue de noir, Avec en guise d’ombrelle funeste, un grand hachoir. Dans ma tête d’enfant fripon, je réfléchissais, Pourquoi diable les gens âgés parlent sans arrêt D’une grande dame tout droit sortie d’un film d’épouvante Passant leurs soirées en cette compagnie étrange. Les années défilaient et je prenais en âge, Laissant derrière moi les facéties : j’étais sage. Je regardais les fauteuils vides, si remplis hier, Et je me souvenais de la grande dame si fière. Elle s’était invitée à plusieurs reprises chez nous, Et était chaque fois repartie avec l’un de nous ; Mes aïeuls s’en sont allés, paisibles, en communion Avec celle dont ils avaient tous invoqué le nom. Aujourd’hui, j’ai bien vieilli ; assis dans mon fauteuil, Je regarde mon petit fils à quatre pattes sur le seuil, Mais le temps n’est pas encore venu de prononcer Le nom de la dame qui un jour viendra me chercher.

Poème qui a exorcisé sûrement la semaine des morts successives de deux grands hommes.

Poème posté le 21/12/17


 Poète
Ecrivain en herbe



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