Elégie
par Cardaline
Aurore tragique, l’aube du premier Mai
A fermé les yeux de ma fille, à jamais
Son sourire s’est déjà glissé hors du temps,
De toute éternité, elle restera enfant.
L’effroi s’insinue dans mon âme incrédule
Et les jours s’étirent en un long crépuscule.
A travers le voile de mes larmes de deuil,
Au lieu de mon enfant j’entrevois son cercueil
Dont nulle fleur ne peut gommer la cruauté
Ni ce lot de malheur bien trop lourd à porter.
La foule consternée dont je connais chacun
Craint de m’approcher tant j’incarne le chagrin.
Fuir est illusoire, la mort est élixir
Allons vers son néant afin de réunir
Mon corps trop douloureux pour supporter la vie
Au sien déjà fané par cette tragédie.
Comment étouffer cette chair et sa langueur,
Souffrance inconnue qui grandit au fil des heures,
Des jours, des semaines et celui des années.
Tout autour de moi jouent, triste écho du passé,
Des enfants charmants dont rires et chansons
Ravivent mon chagrin. Comment, sans horizon
Faire semblant de vivre, taire cette mélancolie
Quand on n’a devant soi qu’une image pâlie
Et quotidiennement cet accident sans fin
Qui remue la détresse d’un souvenir lointain.
Demeurée étrangère au monde et ses rumeurs,
Le travail fut un dictame pour ma douleur,
Longtemps j’ai contenu ce chagrin colossal
Inclus peu à peu au silence sépulcral
Entourant la tombe d’un vieux cimetière.
Sans elle le soleil a perdu sa lumière,
Fuyant ses outrages, j’éprouve depuis
Une attirance pour les nuages et la pluie
Dont l’éclat gris et froid s’accorde à mon humeur
Marquée par l’épreuve écrasante du malheur.
Poème posté le 01/05/21
par Cardaline