Le rêveur immobile
par Attention
Dans les vagues au vent soulevées de la plaine
On dirait un rocher oublié, que la pluie
A sculpté un soir, sous la belle forme humaine
D’un penseur, un sphinx, ancien passant dans vie
Dans le champ où le blé couvre bien les blessures
Sous le tapis doré aux silences éternels
On dirait qu’il écrit, à son rythme, sa mesure
A chaque mot, l’invisible rayon solennel
Façonné, tel menhir, un vieux soldat que la guerre
De l’Esprit, oublia, dans ses grotesques tranchées
Il remplit son devoir et à sa propre manière
Il défend, le ciel bleu, de sa plume, son épée …
Et le Temps, tel une roue, de jours et de nuits
Aux lenteurs rouillées dans son ancienne charrette
Ramène les vautours, sur l’idéal de celui
Qui défends l’horizon, si lointain, de sa quête
- Où sont- ils, mes frères, mes amis, mes aïeux ?
Sa pensée se perd dans le silence de la plaine
Il écrit…sur le ciel et attends que les Cieux
Descendant sur son dos, pardonnent nos peines
Se serait-il trompé là, de temps ou d’endroit
Réveillé d'un trop tôt ou trop tard par mégarde ?
Le dernier de la troupe, l’inutile soldat
Oublié à l’arrière, à monter seul la garde…
Serait-il victime d’une erreur de combat ?
Sur la plan de l’attaque, une défense inutile…
Car autant qu’il voit, il n’est même pas un soldat !
Un poète ?! - Un rocher…trop rêveur, immobile !
Regardez-le ! Caillou, plus petit qu’une poussière
Dans les vagues que le vent soulève dans la plaine
Et pourtant il est là, il vous cherche, il espère
Aux vrais rochers survivants, aux formes Humaines…
Dans le champ où le blé sublime les blessures
Sous le tapis doré aux silences éternels
Il écrit son savoir, la vraie Vie se mesure
Aux rayons, réfléchis, des rochers, vers le Ciel…
L’Immobile, dans son rêve, au vent se balance
Au rythme de ces vagues aux oiseaux si petits
Que le Ciel qu’on croyait un océan de silence
S’anime de leurs chants, par son Âme, réfléchies…
Jacques AADLOV - DEVERS
Poème posté le 15/05/21
par Attention