Vandales
par Salus
… Puis de détruire Troie, et d’encenser la rage !
Avoir, après rasé, salé Carthage !
Bien plus avant, d’avoir cassé chaque dolmen ;
Conquérir l'elfe et le Nibelungen,
Leur espace magique et toute pierre âgée !
Jusque Archimède, avec les fils d’Egée,
Au port de Syracuse, avoir brûlé la mer !
Puis, malemort d’un Moyen-Age amer,
Induire, horrible peste, un passage à tes mouches !
Prier les dieux ; torturer par leurs bouches !
Piller, violer, mutiler, réduire, écraser !
A quoi sert donc prier ? croire ? et phraser ?
Quand tant de jouissance est venue à détruire !
Humains ! N’existerions-nous que de nuire ?
Quid ? Quand le Dieu vengeur dit : « Multipliez-vous ! »
N’est-ce que broyer le rare et le doux ?
… D’une heure plus moderne on a fait pire encore !
Grande guerre ! O taureau dont l’ire encorne
Des milliers - des millions ! de pauvres gens ;
Mutilation ! Torture ! Au plaisir des régents !
La colonisation, les meurtres, la Shoah !
Se penser être homme ? ayant fait ça ! Ha !
De quoi ne sommes-nous, plus ou moins fous, capables ?
Ignobles ! Lymphatiques ! Tous coupables !
- Supposé communiste ! Auguste religieux !
Fascistes, khmers ! Bourreaux ! Arracheurs d’yeux !
Politiciens qui les cautionnent ! Hypocrites !
Médecins des tyrans ! Faux Hippocrates !
Miliciens, chiens de garde, adeptes, zélateurs !
Septiques vecteurs ! Prions de nos peurs,
Salauds de tous les bords, si ce cloaque immonde
Est le sort - huit mille ans ! - du pauvre monde,
C’est, méchants fous, votre fait ! Et les fers,
Les crachats, les cachots, les carcans, les enfers !
Le mépris du mourant, l’horreur, les avanies,
Geôles, goulags, puits ! Cages, latomies…
Les exterminations les chiourmes et les camps,
Enlaidir ! Tuer la vie et le temps !
Huit mille ans ! de douceur possible. Ave, victimes !
Je dédie au civil simple, anonyme,
Elle ! Multitude assassinée, humain nu,
Lui ! L’innombrable innocent inconnu !
Ces pauvres vers.
… Avoir, après rasé, salé Carthage !
Poème posté le 04/03/18