Rencontre avec le passé
par Cardaline
par Cardaline
Large comme une écluse, gris comme une muraille
Il me considérait de ses yeux ronds et tristes
Ainsi qu’un revenant dont les contours subsistent
Dévasté, chargé d’ans, plongé dans la broussaille
Délavé par le temps son nom s’est effacé
Et les intempéries ont inscrit dans ses veines
Un siècle de bravoure avec ses jours de peine
Qui l’ont échoué ici comme un vieux cétacé
Il a connu l’antique halage à la bricole
Tiré par un vieux couple encordé au bateau
Martelant tout le jour les chemins en sabots
Favorisés parfois par le souffle d’Éole
Il connaît l’attelage, couple de haridelles
Jarret crispé, suant, l’allure industrieuse
Tâchant de distancer les eaux tumultueuses
Pour ne pas s’engloutir dans le courant mortel
Ta cargaison ce jour n’est plus que souvenirs
Ténébreuse barque, si tu pouvais conter
Les joyeux ralliements sous les feux de l’été
Les amours qui se nouent au milieu des soupirs
Et voici qu’on entend de bâbord à tribord
La veillée fraternelle aux airs d’accordéon
Le grand pavois claquer en l’honneur du Pardon
La longue litanie des naissances et des morts
Poème posté le 05/11/21
par Cardaline