Un gisant de poète
par Jacou
Il avait un visage attendri de bonheur
Au fond de la chambre où je venais en visite
N’oubliant pas une fois d’apporter des fleurs
Qu’il respirait toujours, et des vers qu’on récite…
Des vers rêveurs écrits par de révérant prêtres
Dont la foi dessinait dessus les toits son arc
Qui est la marque entée dans la chair qu’on lui prête
Aux piètres souffrances héritées de nos Parques…
Ce parc où j’attendais que l’asile se vide
Pour monter quatre à quatre à ces marches très blanches
Jusqu’à l’étage du Ciel si pâle et livide
Où l’ami meurtrissait sa bouche de pervenche.
La poésie ancienne est le rythme éternel
De la vie qui bat et s’enfuit du creux des veines
En nos bras soutenant de tendres balancelles
Alors la quête émue n’apparaissait point vaine…
La folie continue chasse l’esprit de l'homme
Croyant aux jolies lois régissant la nature
Quand de la cruauté habite aussi et somme
La tête littérale agressée de ratures.
La poésie a tant besoin de démesure...
L’hôpital où mon ami finit une vie
Dans le délire où il nomme un démon d’azur
Occupant d'un Ciel vide où sa foi l’en délie…
Cette clinique pour les pauvres crus insanes
Je l’ai jadis vue pour moi comme fin de tout
Car exister me charge avec le bât de l’âne
Et je sais que folie dans ce monde est partout…
Je respire à mon tour un bouquet de jonquilles
En ne pensant revoir l’ami, regard éteint
S'évader hors de soi n’empêche pas la quille
La Mort de vous ravir si c’est votre destin.
Poème posté le 29/11/21
par Jacou