Judas
par Domagoj sirotinja
Dormir et mourir c'est de la magie noire,
l'ombre de Satan ne peut plomber le soleil,
et l'éveillé, qui de son front, frappe la roche
afin que nous le reconnaissions
parmi tous ces estropiés
jetés sur le chemin
des blessures…
Maléfices !
Je viendrai chez toi, dans ta maison,
et par la grâce de tes biens et de mon parti pris,
j'estimerai le rythme de croisière de ton cœur.
De ta main s'échappe le doigt
qui montre le chemin,
ton index, véritable moulin à vent.
Combien de fois nous a t-il montré
de faux chemins, et la ville
que nous suivions en vain ?
Le doigt a pointé les remparts
et la ville devait rendre l'âme.
Si tu me montres
une pelote de laine
dans ta poitrine,
je te jure de ne pas renoncer
sous la menace de ton index.
Je saurai tout de toi à travers une gravure,
à travers la grimace de ta bibliothèque,
à travers le souvenir de tes vers
abandonnés dans la poussière
et ta peur de la rosée.
Qu'importe alors le vent sauvage,
les aubes rouges saignantes,
je m'élèverai géant
parmi les étoiles fécondes.
Je viendrai chez toi
sans frapper à la porte,
puissant comme une baleine !
Un mot viendra nous repêcher
pour tuer le silence
dans lequel nous nous perdons.
Qu'importe le vent sauvage,
qu' importe l'aurore noire,
j'emprunterai l'étage
vers les étoiles blanches du soir,
je déchirerai les voiles
sur la mer trop étroite,
de la poussière du crépuscule
aux portes du monde
raconte-toi dans l'ivresse de la peur,
dans le jardin paradisiaque
ou trône le buste d'une histoire inappropriée…
Tu peux écraser de ton pied l'image
de ton visage, être du crucifix brisé,
désincarné d'un coup de massue.
Oui, le temps nous est irrespirable,
Judas va encore sévir.
Poème posté le 23/11/18
par Domagoj sirotinja