Vent de folie
par Cardaline
Beau prince en noir et blanc dans ton cadre d’ébène
Ô poète à l’âme blessée
Ton sourire insolent et ta grâce hautaine
Cachent mal ta sombre odyssée
Sous le col rehaussant ton frac à brandebourgs
Pareil à celui d’un baron
Un jabot de dentelle et un nœud de velours
Illuminent ton vaste front
Une frêle beauté pour ton cœur se passionne
Saisie par un culte insensé
Avec fougue elle joue des airs qu’elle abandonne
Aux mânes de ton corps glacé
Et s’unit au néant d’un cliché monochrome
Qui jamais ne l’enlacera
Pour embellir ses nuits elle adore un fantôme
Qu’en son lit jamais ne viendra
En rêve elle devient du poète la femme
Étreignant son bel endormi
Elle écrit des sonnets qu’ensuite elle déclame
A cet imperturbable ami
Mais un jour de grand vent une lueur cruelle
Alluma l’œil de son amant
Le ballet des rameaux que le noroît flagelle
Malmenant le rayonnement
Amenait la lumière à trahir la justesse
Des regards les plus familiers
Pénétrée de candeur, recherchant la tendresse
Elle se sentit foudroyée
Dans son cerveau troublé il se fit un grand vide
Elle voulut tout effacer
Hagarde, elle marchait, veuve obscure et languide
Croisant le portrait fracassé
Poème posté le 11/01/22
par Cardaline