Le colosse est à bas, la tempête jubile
Le roseau, pour sa part, s'est révélé habile
Il a su échapper aux furies du tonnerre
et son voisin géant git désormais à terre
La nuit ut fort calme, mais au petit matin
alors que le roseau s'éveillait sans entrain
des hommes sont venus avec scies et cognées
De l'arbre, ils emportèrent le corps démembré
Des poutres furent taillées dans le tronc du vaincu
une charpente posée sur des murs, près du ru
Alors que le roseau triomphait sans effort
les hommes revinrent et avec eux, la mort
Coupé avec les siens, sans la moindre mollesse
il vint couvrir le toit, dressé avec adresse
Un écho dans les poutres, un cri en absence
Le chêne était présent, et chargé d'impatience
Les deux compagnons aux destins parallèles
renouèrent leurs discours, comme leur querelle
La tornade survint, le chaume s'envola
La charpente tint bon, ne subit nul dégât
Le roseau esseulé retrouva la rivière
De moribond à mort, étroite est la frontière
Le chêne, tout découpé, s'avéra résistant
refusant de céder sous l'orage et le vent
Immorale
Il importe parfois de se tenir tout droit
plutôt que de plier trop souvent pour survivre
même si ce doit être aux dépens de son toit
Tout simplement être. Cela s'appelle vivre
Je n'ai jamais apprécié la fable de La Fontaine...