Frêle siréneau
par Lejassyote
Frêle siréneau,
Rejeton d’une eau
Amère, monstre miniature,
Cesse enfin ces cris !
Ton sort est écrit :
Tu allais contre la nature.
Le beau lieutenant
Vogue maintenant
De l’autre côté de la terre,
Sur son bout de bois –
Il a fui, tu vois,
Sans même un regard en arrière.
Il riait, c’est vrai,
Quand je lui offrais
Ce fils montré jusqu’à la taille,
Mais il s’est aigri
En voyant le gris
De ta part couverte d’écailles…
Fâcheux siréneau,
A quoi bon l’anneau
De mes bras autour de ta vie ?
Moi qui suis de sang
Froid, je ne ressens
De tes tendresses nulle envie.
Tes frustes poumons
D’homme disent non
A l’Océan, notre domaine,
Et ton corps sans pieds
N’aura la pitié
Ni l’amour des femmes humaines.
Il n’est jusqu’au lait
Riche qui coulait
De mon sein qui ne t’empoisonne –
Pauvre condamné !
Dès lors que tu n’es
D’aucun peuple, tu n’es personne.
Adieu, siréneau !
Pose au fond de l’eau
Ta tête sur le lit de sable.
Pour moi, je rejoins
Mon monde marin
Et ses kermesses inlassables.
Oh ! toutes mes sœurs,
D’un ton caresseur,
Prétendront que je fus méchante
En tuant l’enfant
Sorti de mon flanc,
Et ne voudront plus que je chante…
Poème posté le 04/01/19
par Lejassyote