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Poésie libre / Le gnome
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Le gnome
par Jim


Petit primate à peine extrait de ta savane, Toi qui n'es plus un sédentaire circulaire Nulle part t'arrêtant, ô bouffeur de bananes ! Briseur de symétries, géniteur de calvaires, Toi qui ne laisses nul tissu cicatriser Après avoir marché dessus, après avoir Rompu tout équilibre, en disant maîtriser Les ruines compilées en utile savoir, De niches constructeur en lesquelles tu gîtes, Glissant la feuille artificielle entre ta chair Et cette terre contre quelle tu t'abrites, Tes tremblements, petit, à tous coûtent fort cher ! Un bipède étriqué, qui mime l'aventure, Froussard tel ce chacal qu'à jamais t'es resté, Ce charognard qui se nourrit de pourriture Férocement stockée, dont l'haleine empestée Traduit le fondement de sa domination. Tu es resté, petit, cet impuissant fuyard Qui de sa glaise ne supporte l'extraction, De grandiose n'ayant que gerbe de bavard ! A suivre les troupeaux, tu ne fus plus chasseur ! Pour protéger ce qui n'est qu'un garde-manger, Tu inventas l'enclos, te découvrant pasteur, Préservant la brebis, ton repas, du danger. Ce contrat implicite a été accepté Offrant la protection contre un prélèvement, Ce sacrifice pour lequel aura opté L'ovin, afin que soit réduit son tremblement. Et tu devins un dieu, pour le mouton, ton frère ! Et pour bénéficier de ta grande largesse, Pour éviter aussi tes accès de colère, Jamais ne recula devant cette bassesse : Le don, pour mériter quelque cajolement, Ou bien, par celui-ci, calmer ton humeur noire. Tu dis, civilisé tout cet enrôlement, Et culture, le travestir de ton histoire. Toi, qui ne comprends pas grand chose, tu essaies D'asservir le savoir au protecteur pouvoir. Mais, de ton agitation seule, les excès Tu donnes à chacun le lourd barouf à voir. Toi, qui te rêves d'autre essence, ou bien élu Par le divin, non le prochain, petit inculte Qui ne connais le sens des mots, sache être lu Par tous ceux pour lesquels, ton souffle est une insulte ! Ta morgue et ta pétoche sont les deux piliers De ta stature, et pour t'ébranler, il suffit D'éternuer ! On voit le commandeur plier, Le regard paniqué, le masque déconfit. Petit primate minuscule, auquel la peur De perdre succéda à celle de manquer, Toi, si bien abrité, quelle est cette frayeur Qui t'amène toujours à vivre mieux planqué ? Que demain tu t'en ailles sur Mars ou ailleurs, Tu ne déplaceras que ta mortalité. Contre la molécule être un vil ferrailleur Te situe comme auteur de ta fatalité. Me diras-tu, en ton cerveau de petit singe, Ce qui s'active d'autre que cette hystérie, Qui semble ne devoir qu'assécher tes méninges, Quand tu te trouves face au monde dont tu ris ? Ton aventure aura été une séquelle, Une émulsion dans l'univers, juste une bulle, Pas même une infection justifiant la crécelle, A peine un cauchemar que le réveil annule.

© Persona

Poème posté le 21/03/22 par Jim


 Poète
Jim



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