La foire a dix balles
par Sernard
Tout en bas de la rue Chapin
Dans le quartier des orphelines
Y’a les restes d’un magasin
Sous sa poussière de naphtaline
Derrière sa porte clochetiére
Un bric-à-brac a plus finir
Collé jusqu’à la dernière pierre
Sur le palis des souvenirs
Des vies entières à l’étalage
Qui tendent la main encor’ une fois
Vers nos envies d’avoir plus d’age
Pour à peine plus d’ la peau des noix
Vous trouverez de tout, à la foire à dix sous,
Pour le prix on l’emballe, à la foire à dix balles.
Un bonheur de trois clous mém’ si ça vaut que dalle
Ça vous met des étoiles dans la boîte à remous
Des rêves en cuir de nuit de chine,
Dans un opium acidulé
À s’en passer des guillotines
Autour du coup comme un collier
Sous l’étagère, des galets peints
Comme une bande dessinée
Nostalgie de vieux galopin
Proposés à prix sacrifiés
Collectionnés pour clouer le temps
Sur nos regrets perdus en route
À l’horloge qui a foutu l’ camp
Et qu’on veut r’ trouver coûte que coûte
Car le prix on s’en fout, a la foire a dix sous,
Chaqu’ fois qu’ le cœur s’emballe, à la foire a dix balles,
On s’allége le morfale, on claque comme des fous,
On s’ met du ciel partout, dans la boîte à étoiles.
Poème posté le 15/04/19
par Sernard