Je n'ai plus que les os
par Pierre de RONSARD
Je n’ai plus que les os, un squelette je semble,
Décharné, dénervé, démusclé, dépulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé ;
Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble.
Apollon et son fils, deux grands maîtres ensemble,
Ne me sauraient guérir, leur métier m’a trompé.
Adieu, plaisant Soleil, mon oeil est étoupé,
Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble.
Quel ami me voyant en ce point dépouillé
Ne remporte au logis un oeil triste et mouillé,
Me consolant au lit et me baisant la face,
En essuyant mes yeux par la mort endormis ?
Adieu, chers compagnons, adieu, mes chers amis !
Je m’en vais le premier vous préparer la place.
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Version plus ancienne
Je n'ay plus que les os, un squelete je semble,
Decharné, denervé, demusclé, depoulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé;
Je n'ose voir mes bras que de peur je ne tremble.
Apollon et son fils, deux grands maistres ensemble,
Ne me sçauroient guerir, leur mestier m'a trompé,
Adieu plaisant soleil! mon œil est estoupé,
Mon corps s'en va descendre où tout se desassemble.
Quel amy me voyant en ce poinct dépouillé
Ne remporte au logis un œil triste et mouillé,
Me consolant au lict et me baisant la face,
En essuyant mes yeux par la mort endormis ?
Adieu chers compagnons! adieu mes chers amis!
Je m'en vay le premier vous preparer la place.
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publié à titre posthume en 1586
Poème posté le 27/12/09
par Rickways