Les réfugiés
par Carismus
Les réfugiés
La fin du jour. L’été bande les trébuchets,
Erige des châteaux, creuse des galeries,
Etouffe les propos - vaines bavarderies,
Rires éternuant sur des voix de faussets.
Dolents, les corps rougis étalent leur mollesse,
Transpirent leur ennui sans éclat ni tendresse.
Venu on ne sait d’où, sans bruit, s’immobilise
Un funambule esquif entre deux bancs de sable.
A bout de souffle, à bout de vie, au port s’enlise.
Les flots ont charrié les noms imprononçables
Venus d’un autre monde où la vie supplicie
De mourir indigent ou que l’on disgracie.
Mer, tu as ravagé ces passagers si frêles.
Leurs pupilles sans tain n’accrochent plus le ciel.
Savent-ils seulement qu’ils sont encor vivants,
Rescapés des récifs, de la faim, des truands ?
La chaleur de juillet écrase cette épave
Que des galets burinés au soleil engravent.
Est-ce la houle qui, en saccades la berce
Quand ses flancs gémissants cèdent aux ventrières ?
De vagues sons plaintifs que la vague disperse
Tandis qu’un cri sortit du ventre d’une mère
Expulsera l’enfant sur un nouveau rivage,
Etranger englouti au creux d'un coquillage.
Encore et toujours et même plus que jamais, d'actualité...
Poème posté le 29/06/19
par Carismus