Collections d'hiver
par Sucre et sel
*Déhanchement, sunlights… Souveraine, elle promène
les somptueux lambeaux d'un délire d'artiste…
-En cache-nez crasseux et bonnet tricoté,
il ne connaît du monde que le ras du bitume
*Un pas par-devant l'autre, très, très exactement,
elle arbore, arrogante, la vanité superbe
de fringues d'opérette…
-Démarche titubante, du banc au lampadaire,
du lampadaire au banc, il traque la chaleur
aux grilles du métro
*Etole de vison négligemment jetée
sur une épaule nue,
perles au creux des reins et diamants ruisselants,
elle glisse, reins cambrés, sur ses talons aiguilles…
-Quand revient le matin, il cueille le cristal
de la rosée tardive,
les étoiles de givre peuplent son ciel de lit,
au fond de sa bouteille s'allument des rubis
*Cartons calligraphiés, luxueux et glacés,
ouvrant à deux battants les portes des salons…
-Cartons gris déchirés, matelas de fortune,
ne trouveront l'entrée que des portes cochères
*Murmures de bon ton et musique feutrée…
-Rugissement des rues, sirènes et klaxons
*Peut-être fera-t-elle, du haut de son estrade,
la grâce d'un sourire…
-Peut-être ferons-nous, du haut de notre morgue,
l'aumône d'un regard ?
Aujourd'hui comme hier, comme demain sans doute,
Paris s'est affublé d'oripeaux disparates,
pour présenter, très fier, au monde abasourdi
ses collections d'hiver !
Poème posté le 01/08/07
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