Où me portent mes pas, ma langue est mon pays,
C’est ma géographie et même mon histoire
Elle a évolué s’est enrichie de gloire
Ses mots au cours du temps ne m’ont jamais trahi.
On lui a ajouté de la modernité
Et les termes savants qu’oblige le progrès ;
De vocables nouveaux le temps fit un engrais
En gardant ses racines et sa difficulté.
Quelques lâches atteintes américanoïdes
Ou quelques argotismes de jeunes trublions
La firent déraper hors des nobles sillons ;
Elle garda raison sans règles trop rigides.
L’orthographe complexe est une signature
Nous nous enrichissons de ses plaisants savoirs
Il fallut des leçons, il fallut des devoirs,
Pour goûter plaisamment toute littérature.
Simplifier hélas se trouve en ce moment
Une mode de ceux qui n’ayant rien à faire,
Ou bien qui sans valeur feraient mieux de se taire,
Veulent sur le réel placer un paravent.
Point d’avis demandé à la plus haute instance
Qui construit pour la langue un bienveillant abri
Le peuple n’a pas eu à donner son avis
Tous les mots des aïeux, le fâcheux s’en balance.
L’originalité des accents et des signes
Sur la table des sots viendrait agoniser !
La beauté de l’écrit ne doit pas s’épuiser
Il nous faut conserver les mots anciens et dignes.
Les ignares et les nuls se réjouiront bien vite
Aux fautes d’écritures on leur dira bravo
On donnera le bac dès demain aux marmots
Et d’être francophone on perdra le mérite.
Et si les sots l’emportent devra-t-on réécrire
Tous les auteurs classiques victimes du complot
Et "décirconflexer " Chateaubriand, Hugo,
Pour plaire aux m’as-tu-vu nous préparant au pire.
Cracher sur le passé de diverses façons
Sert à dissimuler un progrès qui dévaste
Cacher l’incompétence des intrigantes castes
Qui n’ont rien retenu des vitales leçons.
Assez de nous traîner en diverses ornières
La langue veut rester loin des jeux politiques
De la Francophonie, chassons les hérétiques
Qui pour se faire valoir vantent des pétaudières.