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Fraternité
par Ecrivain en herbe


Une ruelle froide, sombre et mal fréquentée Une bruine ininterrompue et glacée Théâtre quotidien d’un triste univers, Celui des âmes seules et en peine, devenues amères. Les pas impatients claquent, courent, se pressent Tout affairés qu’ils sont, remplis d’ivresse, Celle de la chasse au pouvoir et au temps, Occultant de ce fait le plus important. En contre-bas, trempée et austère, Une ombre informe est adossée à une porte cochère ; Un homme qui jadis fut un ténor du barreau Et dont aujourd’hui personne ne dit plus mot. Une lumière vacillante sortie d’un pâle réverbère Eclaire à peine l’écuelle du pauvre hère. Une main amaigrie par des temps de privations Sort timidement d’une manche en haillons. « A votre bon cœur M’sieurs Dames, pour manger ce soir » Phrase répétée tellement de fois à n’en plus savoir ; Mais notre homme a perdu de sa superbe Et la puissance de sa voix n’est plus à la hauteur du verbe. Chaque nuit, puis chaque jour est une nouvelle victoire Contre la fatalité, le malheur, la faim et les déboires ; Il est bien loin le temps béni où de sa voix de stentor, Notre Maître défendait des causes qui lui rapportait de l’or. Un mauvais choix avait fait de lui ce qu’il était maintenant, Un homme décharné, apeuré, vivant hors du temps, Lui qui ne s’occupait autrefois que des nantis, Avait soutenu, le temps d’un procès, un être démuni. L’homme désargenté lui avait souri et conté ses ennuis ; Il l’avait alors écouté et s’était immédiatement investi, Sentant au plus profond de lui, une profonde honnêteté Qu’il se devait absolument, point par point, de restituer. Il ne pensait plus à sa carrière, plus à la gloire Juste à l’idée de faire au mieux son devoir : Défendre un opprimé contre vents et marées, Et de par sa grande expérience, faire jaillir la vérité. Un grand orateur éminemment respecté par la profession Allait se fourvoyer dans une histoire peut être sans solution ; Tel était le challenge que notre Maître s’imposa Convaincu de la valeur de cette affaire pleine d’aléas. Il mis tout son potentiel au service de l’insolvable Mais le jugement et le verdict rendu furent minables : Son client fut destitué du peu de biens dont il était détenteur Et lui fut rayé du barreau, rendit sa robe et sa vie devint une horreur. Les années avaient passé pendant lesquelles il avait connu La déchéance, l’incompréhension, la trahison et le rebut. Et ce soir, il était là, recroquevillé et loqueteux Attendant qu’un quidam lève les yeux sur le nécessiteux. « Maître…., est-ce bien vous ? » lança à brûle-pourpoint Un petit homme dont la voix paraissait venir de loin ; L’avocat décrépi leva les yeux et son cerveau endolori Rechercha ce faciès dans ses souvenirs enfouis. C’est alors que le passant lui pris la main, la serra Et lui donna un simple papier sur lequel était noté : je suis là. Après la défaite, son client avait finalement fait fortune Et il se tenait là devant lui avec l’idée de lui décrocher la Lune. Le petit homme fit lever le Grand Maître et l’invita Dans sa limousine avec chauffeur restée un peu plus bas ; « Maitre, c’est maintenant à mon tour de vous sortir de là Et c’est ce que je m’empresse de faire à grand pas. Il le prit sous son aile qui de moineau était devenu aigle, L’emmena dans son hôtel particulier où luxe et volupté était de règle, Le remit sur pied et l’installa dans les appartements qu’il lui destinait Sachant la misère qu’il avait du subir à cause de ses faits. Le client sans le sou était devenu un homme richissime et prospère Et le talentueux et adulé avocat son parfait contraire, Mais l’intégrité, l’intérêt à l’autre, le dévouement et l’honnêteté En firent des valeurs sûres, et à jamais ils furent liés.

En espérant que ça vous plaira malgré la longueur...

Poème posté le 03/10/19 par Ecrivain en herbe


 Poète
Ecrivain en herbe



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